Le plus grand film de tous les temps, tout simplement.
Du calme. Je vais vous expliquer comment j'en suis venu à penser ça.
Je me pose, je cherche un film à regarder ce matin. Il est neuf heures, Paris s'éveille. Je surfe sur internet, notamment sur www.acheterdesfilms.com. Donc là, je me dis pourquoi ne pas tenter un petit Woody Allen ? Alors là vous allez me dire - Oui mais Evy tu le détestes, Woody. Là je réponds que non, avec Buzz ils me font marrer. Là vous me dites - oui mais Evy, là t'es pas drôle et en plus t'écris une vraie critique, t'es pas chez ta mamie. Bon, quelque part c'est pas faux. Donc, oui, sincèrement, le plus honnêtement du monde, à part Match Point, je n'aime pas Woody Allen. Je n'ai pas vu cinquante films de lui, bien que ce serait possible, puisque c'est un peu le Amélie Nothomb de ces dames, mais non. Je me décide donc de prendre l'un des derniers. En plus, apparemment, Carla Bruni joue dedans. Donc automatiquement on va être sur du top 10 films. Je l'achète, 9 euros 99. Une affaire. J'en achète dix par jours à peu près donc vous allez me parler meilleur car je suis quelqu'un qui a de l'argent. Franchement donnez votre argent à Woody il le mérite, il est vieux et en plus il me sert avec ses citations pour mes listes sur SensCritique. C'est un engrenage.
Je vous passe le film, on s'en fout un peu. Enfin, c'est l'histoire d'un mec, Owen Wilson, qui va un peu délirer et voyager à travers les époques et rencontrer de grands artistes. Et on n'est pas sur du Nabilla là, je vous parle de tonton Ernest Hemingway et toute la clique. Parce que le mec est malheureux, incompris, tout ça, puis le tout se passe dans Paris, avec des accents parisiens trop mignons, des beaux quartiers, du bobo quoi comme dirait Renaud dans les bobos entre autre pour ne citer que cette chanson. Enfin, c'est un film carte postale mais pas que.
Non mais vu le ton de la critique ne vous attendez pas à un truc sérieux. Vous allez vous dire, Evy il est pas sérieux du coup, d'autant plus que j'ai mis 8, donc automatiquement j'ai de quoi défendre le film avec de vrais arguments. Mais j'ai pas le temps comme dirait faf Larage (ce n'est pas pour faire le cake avec des citations à la con pour faire le garçon débile mais gentil qui essaie d'être drôle, mais pour lancer un vrai débat : est-ce qu'il y a d'autres saisons de prison break après la première ?), et surtout, il y a plus important. Beaucoup plus important.
Déjà, il faut quand même savoir que c'est un très bon film. Donc déjà Woody Allen, ah bon ? Je n'attendais rien de lui, et voilà qu'il me sort une espèce de comédie adorable, bourrée de jolis plans et d'humour. Il nous revisite les grands artistes d'un autre temps, il nous parle de livres, de peinture, on ne s'ennuie pas. Un truc de bonhomme ou quoi. Donc là, je suis bluffé. Parce que moi au départ je pensais que Woody Allen c'était vraiment un petit filou à faire des films légers, redondants et pas intéressants. Mais pas du tout. J'avais une amie qui adorait Woody Allen mais tous les deux, on ne se voit plus. Elle me manque et j'ai voulu lui rendre hommage en quelque sorte. Non, pas du tout pour dire la vérité. Je regardais un sketch de Florence Foresti et elle en parlait dedans.
Enfin, bref, tout ça pour en venir à ce point précis : Pourquoi est-ce le meilleur film de tous les temps, bien avant Cosmopolis, je sais que vous adorez, ça fait branché d'adorer, et même bien avant Rashomon parce que bon les films dans une forêt où il se passe rien sauf "mais qui a tué le mec et tout", c'est bon. A ce moment-là vous avez le projet blair witch, là c'est mieux filmé, c'est mieux joué, y'a une trame plus intéressante. Faut arrêter sérieusement. Bref, pourquoi ?
Parce que Marion Cotillard joue bien.
Non mais si, si. Elle joue bien. Elle quitte sa petite voix suave-sexy-déprimée-détachée pour... Ah, on me dit dans l'oreillette qu'elle a toujours cette même voix. Certes, mais pour le coup, elle est très intéressante. Je me suis surpris à sourire, à entrer dans son personnage - en tout bien tout honneur (le lourdingue) et à la voir d'un autre œil. Un œil nouveau. Je ne dis pas qu'elle est bonne actrice ou que ce n'est pas la plus grande supercherie de toute l'histoire de l'humanité, non, ne me faites pas dire ce que je n'ai pas dit, je dis simplement qu'ici, elle a enfin trouvé sa madeleine. C'est un peu comme si Elijah Wood jouait enfin correctement la comédie. Vous vous feriez : waouh, il faut que je montre ça au monde entier. Eh bien, c'est ce que je fais.
Alors oui, j'aurais pu parler des acteurs, de cet hommage somptueux à Paris, de ces amours de façade, de cette passion omniprésente pour toutes les cultures, de ces scènes léchées que j'affectionne beaucoup, de ces dialogues toujours délicieux. Mais on n'est pas là pour ça. Donc, gloire à ce réalisateur dont je me foutais ouvertement de sa gueule comme un pauvre petit débilos intolérant que je suis, gloire à Marion qui depuis qu'elle a perdu ses jambes est bien meilleure et gloire à ce site qui me fait redécouvrir le cinéma, souvent à raison. Et gloire à Foresti aussi.
Et vive le Québec Libre ! (C'est une citation du film Mesrine, mais j'ai jamais compris.)