Un peu lourdaud dans ses clichés (certes assumés, mais au bout d'un moment ce n'est plus un clin d'oeil au spectateur, c'est un tic moteur), mais néanmoins mignon, ce film. Un message principal bienvenu, joliment mis en scène (on s'y laisserait volontiers entraîner, dans cet imaginaire en carton pâte finement ciselé), mais par cent fois trop appuyé. Ce qui sauve le film, finalement, c'est que malgré une heure trente passées à nous marteler cette morale d'âge de raison, notre héros n'a rien compris. Tout fier de faire la morale à l'objet de son fantasme premier, affirmant délaisser cette douce illusion d'un ailleurs idéal, il y replonge pourtant la tête la première, choisissant un Paris de carte postale qui n'existe que dans l'imaginaire des scénaristes américains. Léa Seydoux n'existe pas plus que l'inconsistante Adriana, elle incarne, justifie, est, entièrement, le fantasme du protagoniste, qui ne cherche qu'à y donner du poids, elle est à lui ce que le pédant Paul est à son ex-future femme : le socle réceptacle de son illusion rêvée.