Minuscule : La Vallée des fourmis perdues par cloneweb
Si vous ne connaissez pas Minuscule, il n’est pas trop tard pour vous jeter sur la série d’animation diffusée sur France Télévisions. Réalisée par Thomas Szabo et Hélène Giraud, la série compte à présent 151 épisodes d’une durée moyenne de 5 minutes chacun dans lesquels on suit les aventures des insectes de nos campagnes. Mêlant habilement prises de vues réelles pour les décors et animation 3 pour les personnages, Minuscule montre des animaux tels que la coccinelle, les fourmis ou la chenille verte dans des situations autant réalistes que décalées. C’est drôle, frais, mignon et fait aussi bien pour les plus jeunes que pour les adultes.
La particularité de la série est de ne comporter aucun dialogue. Les animaux s’expriment par des bruits (parfois complétement loufoques), il y a une ambiance sonore et de la musique mais personne ne parle jamais. Ajoutez à cela le fait qu’on ne raconte pas une histoire en 5 minutes comme en 90 et Minuscule La Vallée des Fourmis Perdues avait tout du projet casse gueule. Rare, très rares même, sont les séries d’animations dont le passage sur grand écran a été un succès. A la courte liste comprenant La Bande à Picsou (Le Trésor de la Lampe Perdue), Batman (Le Fantôme Masqué) et les Lascars, il faut désormais ajouter l’histoire d’une petite coccinelle !
Le film s’ouvre joliment sur une allégorie de ce qu’il va raconter puis nous présente son héros : une jeune coccinelle venant de naitre qui se retrouve séparée de sa famille suite à un incident. Ne pouvant plus voler, elle va trouver refuge dans une boite en métal contenant des sucres en morceaux, reste d’un pique-nique abandonné dans la précipitation. Un groupe de fourmis noires vont mettre la main sur la dite boite et chercher à la transporter à travers la forêt. Ce sera l’occasion pour la petite coccinelle de découvrir le monde et, comme tout bon héros qui se respecte, d’évoluer au fil de la quête.
Pour la troupe engagée, les obstacles seront nombreux. Il ne faut pas oublier qu’on est à l’échelle des insectes. Alors porter une boite sur une longue distance devient aussi compliqué que de traverser la Terre du Milieu en portant un anneau. Un muret en pierre à franchir devient le col du Caradhras, et un poisson dans une rivière le Balrog dans la Moria.
Alors qu’on pouvait s’attendre à une succession de petites saynètes, les réalisateurs et scénaristes de Minuscule parviennent à maintenir la barre pour que l’histoire reste fluide du début à la fin, découpant quand même le film en deux actes. Et si le premier se veut plus ou moins réaliste dans l’univers proposé, le second devient beaucoup plus burlesque, s’offrant notamment un hommage à Hitchcock et une scène d’attaque de château fort (pour laquelle le logiciel Massive développé par Weta Workshop et servant à générer des scènes de foules dans le Seigneur des Anneaux a été utilisé). Le choix de tourner, comme la série d’origine, dans des décors réels permet d’offrir des plans de toute beauté. La réserve naturelle alpine ayant servi au tournage offre ses plus beaux atouts que les réalisateurs sont allé tourner en 3D. Le rendu est magnifique, tout autant soigné que l’intégration des insectes numériques.
Et si on en prend plein les yeux, on se rend compte de la limite du procédé : les insectes, bien qu’ayant un look cartoonesque, agissent de manière réaliste (contrairement à un 1001 Pattes par exemple). De fait, l’interaction entre eux est très limitée, et l’émotion qui l’accompagne également. Attention, le film n’en manque pas mais ce coté réel diminue la perception de la chose : on aurait sans doute d’avantage eu les larmes aux yeux avec des personnages auxquels il est plus facile de s’identifier.
Mais derrière son aspect mignon et ses insectes qui prêtent à sourire, Minuscule est avant tout une prouesse. Le film montre qu’on est capable de faire de l’animation audacieuse et de qualité en France et qu’on peut faire 90 minutes pratiquement muettes, chose que Pixar n’a jamais tenté au format long, pendant lesquelles les gamins ne bougent pas de leur sièges. Pour mieux sortir de la salle avec les yeux brillants. Et ça, ça n’a pas de prix.