Miracle à Santa Anna par Cyann Kairos De Ligre
Un film américano-Italien assez mystérieux qui brasse plusieurs genre: policier, mysticisme, religion, politique, ségrégation raciale, histoire, amitié et trahison...
Malgré une direction rigoureuse il manque une cohérence permettant de développer sereinement le thème principal du film: rendre justice au corps des Buffalo Soldiers, corps américain composé uniquement de soldats noirs pendant la seconde guerre mondiale, grand oublié de l'histoire bien que très présent au front dans la reconquête de l’Italie par les forces alliés.
Le film est cependant ambitieux, tant par l'équipe technique chargé de sa réalisation, que par la qualité des décors naturels ou se déroule l'action et par les acteurs qui jouent dedans.
Il est assez choquant finalement que TF1 n'ai pas, par peur d'échec commercial, honoré son contrat de diffuseur international et laissé ainsi cette création à l'écart des écrans des cinémas européens, erreur qui a donné trop vite à cette œuvre une étiquette usurpée de censure politique et raciale.
Indéniablement c’est un film réalisé pour le grand écran, un de celui qui vous happe et donne ses lettres de noblesse au 7ème art.
Je n'ai jamais été un grand admirateur de Spike Lee, son savoir faire en tant que réalisateur est certain et l’homme sait diablement bien s'entourer pour travailler les images, le montage ou donner du rythme à ses créations, cependant il existe chez lui une prédominance manichéenne et une sincérité politique engagée qui écrase ses histoires en étant trop démonstratif. Ce défaut est encore présent à plusieurs moments de ce film.
Pourtant cette maladresse se retrouve heureusement plutôt bien contrebalancé par une bel engagement de jeu de ses acteurs: ils y croient, ils sont là et nous font vivre le film avec passion.
Autre fait notable: les principaux personnages, de prime assez stéréotypés, vont fortement évoluer et se révéler au cours de l'histoire, les drames humains et la folie de la guerre aidant. Ce changement s’opère d'une façon plutôt souple et permet une complexité de rapport dans les passions et dans les échanges de cette communauté ( italiens, soldats, partisans ou ennemis) qui vont étoffer peu à peu le scénario en imbriquant logiquement les différents morceaux de ce puzzle d'intention que nous sert Spike Lee.
Ces évolutions d'esprits sont soulignés habilement par un gros travail de l'image et des couleurs à travers le rythme des saisons, par exemple la scène de la trahison nous plonge en plein automne. Rien de nouveau dans ce procédé utilisé déjà dans plusieurs films, mais cette technique y est traité ici avec intelligence et esthétisme.
Le film est long, peut être un peu trop et tant à s'égarer dans une bondieuserie mièvre et pesante bien que nécessaire au film, puisque toute une partie de l'intrigue s'appuie sur de nombreux éléments de références religieuses (l’innocence brisée par la cruauté, le destin, le gardien, la foi, le dont, le sacrifice, etc...)
Film de guerre ? oui mais pas seulement et il serait très maladroit de le cantonner qu'à ce genre.
Une épopée de destin qui construit l'homme plutôt et un film touchant, ne serait ce que pour les échanges entre l'enfant, incarnation même de l'innocence et du soldat "géant noir" dont la naïveté n’est que la prolongation de son enfance.
Enfin, contrairement à ce que l'on pourrait penser, il y a peu de scène de bataille. En revanche leurs présences y sont particulièrement bien misent en scène. L'horreur, l’excitation, l'injustice, le hasard, la mort, la folie, l'urgence: tout est là avec beaucoup d'intensité. C'est la guerre, on y meurt et souffre horriblement: point d'héroïsme mal venue illustré par une musique de circonstance.
Malheureusement, l'immense raté de ce film se trouve dans sa conclusion, dans ces 10 dernières minutes qui nous projette à notre époque.
Quel incroyable gâchis à l'émotion pesante, une véritable prise en otage de sentiment! C'est mauvais et handicape totalement le film. Curieux que les 2 scènes qui la composent et qui tranchent radicalement avec tout le contenu soient restées au montage. Quelle grosse maladresse de récit qui vient ternir ce très bon film.