Pour moi le cinéma coréen ça se résumait à Bong Joon Ho, Park Chan Wook, Kim Ki Duk, et quelques autres (pas si) joyeux drilles. Un cinéma brut de décoffrage, réaliste ou poétique, trippant ou fantasque. Avec Miracle in Cell No. 7, je découvre à la dure que le cinéma coréen peut aussi se montrer très doué pour la guimauve.
Mais attention, de la guimauve cuisinée avec amour comme on n'ose plus en faire chez nous. Ou plutôt comme on n'a jamais osé en faire chez nous.
Le postulat de départ, qui rappelle le déjà très guimauve I Am Sam, a tout pour effrayer et faire craindre l'abus de misérabilisme. Alors que l'on voit un ballon s'envoler par-dessus les murs d'une prison avant d'être freiné par les barbelés, on comprend déjà que le film ne s'embarrassera pas de suggestion. Puis l'intrigue se lance. Un père déficient mental vivant seul avec sa fille est incarcéré, accusé (à tort ?) d'avoir assassiné la fille du Commissaire de police local.
Vous le sentez venir, le mélo à grosses ficelles ? Eh bien ne vous inquiétez pas, il arrive en sautillant gaiement avec la grâce d'un pachyderme enveloppé. Et le pire dans tout ça, c'est que deux heures plus tard, vous en redemanderez !
Car Miracle in Cell No. 7 constitue lui-même un petit miracle. Un scénario plein d'aberrations qui peine à tenir debout ? Compensé par une ribambelle de personnages tous plus attachants et drôles les uns que les autres. De la musique tire-larmes à tous les étages ? Oubliée devant cette bouleversante relation père-fille et le naturel extraordinaire des deux acteurs principaux, l'impressionnant Ryu Seung Ryong et la désarmante Kal So Won, concentré de spontanéité kawai.
En gros, Miracle in Cell No. 7 est un film qui a l'art de se faire pardonner. Il a des myriades de défauts, on sait exactement où il veut mener le spectateur, et pourtant on s'amuse, on rit de bon coeur avec les détenus de la cellule 7, on tremble en attendant le verdict du tribunal (même si la structure narrative du film ne laisse pas vraiment de doutes à ce sujet), et surtout qu'est-ce qu'on chiale.
A l'image de ses deux protagonistes principaux, le film ne sait pas jouer sur la retenue (il aurait d'ailleurs mérité de s'arrêter une minute plus tôt). C'est ce qui lui donne une telle capacité à émouvoir, mais c'est aussi ce qui fait ses excès et l'empêche d'atteindre le statut de grand film, qui était à portée de main. Pourtant, une fois le rideau tombé, deux certitudes s'imposent :
1) Les prisons coréennes c'est quand même plutôt cool;
2) Vous vous souviendrez très longtemps de ces deux prénoms dont vous ne soupçonniez pas même l'existence : Yong-Gu et Ye-Sung.