Etonnamment, « To Catch A Killer » n’a eu le droit qu’à une sortie en salles très confidentielle. Malgré son sujet grand public, et ses têtes d’affiche, il n’a ainsi empoché que 3 petits millions de dollars au box office international ! Pourtant le film fait allègrement du pied à un genre qui a connu son heure de gloire dans les années 90 : le polar de traque de tueur en série.
L’histoire démarre par un sniper qui abat froidement des dizaines de personnes dans un immeuble, en plein Nouvel An. Il sera pourchassé par une pointure du FBI, et par une jeune policière peu expérimentée, mais dont les troubles psychologiques lui permettent de potentiellement comprendre ce tueur.
Clairement, il n’y a rien de vraiment neuf ici. Le coup de la protagoniste tourmentée évoque « Manhunter », de Michael Mann. La construction de l’enquête et les visuels font souvent écho à « Silence of the Lambs » et au cinéma de David Fincher (« Seven » et « Zodiac »). Il y a également une critique du système politique, qui tente d’interférer avec l’enquête, déjà vue dans les polars de la nouvelle vague coréenne. Mais pour être honnête, ils se sont eux aussi beaucoup inspirés des mêmes œuvres !
Alors, « To Catch a Killer », du réchauffé sans intérêt ? Et bien pas du tout !
D’abord parce que la mise en scène est jolie et travaillée. Damian Szifron assume et digère ses influences, pour afficher sa propre patte, alternant entre noirceur, grisaille et couleurs flashy. Ensuite parce que les acteurs sont très bons. En tête, Shailene Woodley en policière lambda propulsée enquêtrice du FBI, consciente de ses troubles. Et puis Ben Mendelsohn en mentor exaspéré par un système politique qui lui met constamment des bâtons dans les roues. Ca fait du bien de voir l’acteur dans un autre rôle que le méchant de service, ou les personnages torturé.
L’enquête est quant à elle bien ficelée, et menée tambour battant. Remettant au goût du jour les intrigues des années 90, à l’ère des réseaux sociaux, des smartphones et de la reconnaissance faciale. D’ailleurs le scénario est dans l’ensemble de bonne tenue, se permettant quelques touches d’humour qui font mouche.
Je serai plus réservé sur le final semi-convaincant, mais globalement « To Catch a Killer » est une résurrection solide d’un genre que l’on pouvait croire éculé.