Vu à Cannes puis revu en avant-première en présence du réalisateur.
Le cinéma d'Alain Guiraudie laisse rarement indifférent.
Son dernier film ne fera pas exception en nous plongeant dans un monde où tout semble normal mais dans lequel rien ne l'est vraiment.
Le réalisateur n'a en effet pas son pareil pour aller trifouiller dans les recoins de la conscience, même les plus sombres et les plus amoraux. Mais il parvient à ne jamais tomber dans la provocation gratuite, grâce à un ton toujours décalé et à beaucoup d'ironie.
Miséricorde est un thriller rural tragicomique où chaque scène est un délice de drôlerie, de malaise et de transgression. Alain Guiraudie va loin, mais à en croire les réactions du public pendant la séance, c'est absolument jubilatoire.
La mise en scène impressionne par sa maîtrise des espaces et du cadre, et parvient à créer une géographie très identifiable entre ce village quasi désert et cette forêt aux couleurs automnales, théâtres de toutes les tensions et dans lesquels évoluent les dix seuls personnages du film, au gré de leurs humeurs et de leurs tourments.
Le désir est au coeur des relations entre tous les personnages, aux intentions toujours mystérieuses. Un désir qui reste le plus souvent inassouvi mais qui n'en prend que plus de force.
L'ensemble est porté par des acteurs formidables, dont le jeu très premier degré est un vrai régal. Mentions spéciales à Felix Kysyl qui interprète avec brio un personnage complexe, tout en ambiguïté, et à Jacques Develay, un prêtre qui nous gratifiera d'une scène démente qui restera gravée dans la mémoire de nombreux cinéphiles ! C'est également un plaisir de retrouver Catherine Frot et Jean-Baptiste Durand, réalisateur du formidable Chien de la Casse, devant la caméra cette fois-ci.
Un film décalé qui ne ressemble à rien d'autre que l'on a pu voir cette année au cinéma. Et si l'ensemble peut désarçonner, l'on ne peut que saluer l'audace de la proposition et la liberté du réalisateur. Chapeau !
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