Clairement, "Miséricorde" ne plaira pas à tout le monde. Que ce soit en terme de ton, d'intrigue, ou de rythme.
Le film démarre par l'arrivée de Jérémie dans son village d'enfance, revenu pour assister à l'enterrement du boulanger, son ancien patron. Très rapidement, le malaise s'installe. Une relation mêlant menace et désir s'établit avec quelques locaux. Les intentions de l'abbé sont difficiles à déchiffrer. Et la veuve accueillante qui accueille notre héros change de braquet dans son dos. Tout ceci va partir en sucette...
L'intérêt n'est pas ici le récit, tournant autour d'un cadavre. Mais plutôt l'ambiance et les relations entre les personnages. Pour cela, Alain Guiraudie s'appuie sur une ambiance automnale de bel effet, se plaisant à filmer les forêt jaunâtres de l'Aveyron. Sur une lenteur calculée, qui évolue grâce au jeu fin des acteurs (petits regards, non-dits, expressions discrètes...). Et sur ce ton qui mêle un quasi-thriller avec des touches d'humour absurdes.
Etrange fusion entre Jean-Louis Borloo et Riccardo Scamarcio (!), Félix Kysyl est un excellent choix pour ce protagoniste ni jeune ni vieux. Qui attire inexplicablement autant la sympathie que l'antipathie, selon les gens. Et qui semble porter le poids du monde sur ces épaules. A noter qu'il m'a fait penser à plusieurs reprises à "Tom à la ferme" (lui, et l'homosexualité refoulée de plusieurs personnages), néanmoins je précise que les deux films sont bien différents dans leur traitement et thématiques.
Face à lui, un très bon Jacques Delevay en abbé énigmatique, qui révèle peu à peu des objectifs et des méthodes des plus troublantes !
Un film étrange, mais loin d'être déplaisant.