La bonté et l'ouverture sont les balises du cinéma de Ruben Alves depuis son premier film (La Cage dorée, sorti en 2013). Hier, il interrogeait l'attachement des populations expatriées à leur terre d'accueil. Aujourd'hui, le cinéaste raconte le destin d'un femme transgenre qui décide de concourir au titre de Miss France.
Pitch insolite, galeries d'outsiders haut en couleurs et désir de représentation,...Tous les ingrédients de la comédie feel-good à résonance contemporaine sont cochées. Le principe de comédie vantant la vie par delà les différences marche avant tout sur son jeu des clichés et une écriture adroite. Le problème avec Miss, c'est que le film se vautre dans l'un et se casse les dents sur l'autre.
Dîtes-vous que tous les poncifs rappliquent et au lieu de les vriller pour en démonter les mécanismes, Ruben Alves les reproduit sans inventivité. Pire, il saborde même les arcs narratifs de ses personnages (principaux ou secondaires). Il n'y a absolument aucune surprise dans l'intrigue, si ce n'est les ellipses et les évolutions grossières que subissent bon nombre d'entre-eux.
Je reste stupéfait qu'il n'aie pas saisi l'opportunité de faire le parallèle entre Alex et sa concurrente Miss Paca, histoire de les lier par ce fil barbelé de l'intolérance. Apparemment, le but n'était clairement pas de bousculer la machine bien huilée de la comédie populaire à base de clichés (et il y en a un paquet), ou d'élever l'ambition au delà du téléfilm pour occuper un temps de cerveau disponible.
Les comédiens font bien le job (mention spéciale à Thibault de Montalembert), mais je reste désespéré qu'on ne décroche à aucun moment des canevas éculés qui enfoncent le film minute après minute. Je doute fortement que ce type de tentative - malgré ses bonnes intentions - ouvre une brèche dans le cinéma pour les communautés sous-représentées. Car pour ce faire, il faut d'abord raconter de bonnes histoires.