On assiste à l’émancipation d’une icône de la pop culture.

Miss Americana (2020) retrace succinctement la (courte) carrière de Taylor Swift, qui n’avait même pas 30 ans à la fin du tournage de ce documentaire. Pour les rares personnes qui n’en auraient jamais entendu parler (vivraient-ils en ermite ?), elle est l’un des plus gros phénomènes musicaux de sa génération, issue de la country, pour élargir sa fanbase, elle s’est orientée par la suite vers la pop. A l’heure actuelle et après 17 ans de carrière, elle cumule 13 albums, plus de 50 millions d’exemplaires vendus à travers le monde, plus de 500 récompenses et un pactole qui avoisine les 740 M$ (d'après le magazine Forbes).

L’intérêt du documentaire réside dans le fait qu’il soit “officiel”, puisque Taylor Swift y prend part à chaque instant, ce n’est pas juste une succession d’images d’archives et d’interviews de ses proches, ici, elle se dévoile face caméra, on la retrouve plusieurs fois avec sa mère et son père. Entrecoupé par des extraits issues de vidéos familiales remontant à ses 13 ans, jusqu'à son premier album (country) à 16 ans, le film déroule les grandes étapes de sa jeune carrière et les moments forts qui l’ont ponctués, notamment lorsqu’en 2019, âgée de 19 ans, le rappeur Kanye West l’a publiquement humiliée en direct à la télévision ou lorsqu’à 27 ans, elle gagne son procès contre le DJ et animateur de radio David Mueller, qu’elle accusait d’agression sexuelle.

Là où le film est très intéressant, c’est qu’il montre comment la chanteur a réussi à se réinventer, face à la bienpensance et cette image de petite fille sage que ses différents producteurs avaient réussi à façonner. Elle est extrêmement lucide sur le monde qui l’entoure, l’industrie de la musique (« à partir de 35 ans, les femmes sont périmées ») et comment elle est perçue, aussi bien à travers ses fans, que de la part des médias.

Lana Wilson nous montre Taylor Swift sans fard, ni paillette, ses moments de doutes et de désillusions, ses joies et ses peines. On assiste véritablement à l’émancipation d’une icône, qui s’affirme pour dire tout haut ce que bon nombre de personnes souhaiteraient qu’elle dise tout bas. Notamment, lorsqu’elle a pris position (et incitée ses fans à aller voter) lors des élections de mi-mandat en 2018, contre le camp Trump.

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