Tim Burton fait sans conteste partie du cercle assez fermé et restreint de ces réalisateurs qui ont construit aux cours de ces dernières décennies leur propre univers, à l’instar de Tarantino ou des frères Cohen. Il peine à retrouver un second souffle ces dernières années, notamment depuis Alice au pays des merveilles. Quoi qu’il en soit, chaque nouveau Tim Burton est toujours un évènement sur la planète cinéma. Si l’on commence à s’habituer et savoir à quoi s’attendre, on espère toujours être surpris.
C’est effectivement le cas pour Miss Pérégrine, son dernier film. Il dresse une mosaïque de plein d’éléments pour tenter de recréer un univers atypique. Il passe d’un extrême à l’autre, en jonglant entre scènes sombres et jeu de gris, et scènes colorées et flashies. Le film mêle aussi les scènes comiques, d’action, d’aventure, une pseudo love-story, ou même quelques scènes d’horreurs, adaptées à un public familial.
Le scénario est très classique : un ado un peu paumé qui rève des contes fantastiques de son grand-père. En dépit de son entourage qui souhaite le raisonner en faisant passer les histoires de son grand-père pour des traumatismes de guerre, il part à l’aventure et se retrouve plongé dans une boucle temporelle. Il revient 80 ans en arrière, pendant la seconde guerre mondiale au sein d’une école secrète pour enfants dotés de compétences génétiques particulières, dirigée par la mystérieuse et fascinante Miss Pérégrine. Le fond est finalement un mélange assez banal entre X-Men et Narnia, et Tim Burton ne surprendra personne.
Ce méli-mélo des genres donne un film assez difforme, où les pièces du puzzle peinent à s’assembler. L’univers est déjà vu et revu, les monstres hyper classiques ne font “peur” à personne. Le scénario est assez vides et les dialogues absolument creux, tournant parfois au ridicule. Si le fond est plutôt pauvre, la forme est réussie. Les scènes fantastiques sont impressionnantes, on en prend plein les yeux grâce à cette palette de couleurs et de lumières. Le tout est accompagné d’une bande-son très efficace, sur laquelle les personnages, animaux et monstres s’agitent et semblent danser, tant les mouvements sont millimétrés. Cette esthétique propre au talent de Tim Burton est portée par une distribution impeccable, à commencer par Eva Green et Samuel L. Jackson, parfaits dans leurs rôles respectifs.
Bref, Miss Pérégrine et les Enfants Particuliers est sans conteste un bon moment à passer au cinéma. Tim Burton dresse un musée un peu artificiel et poussiéreux de sa filmographie, mais où l’on se plaît à découvrir ou redécouvrir tout ce qui fait le charme de son univers bel et bien particulier. Tout le monde peut y trouver son compte : difficile d’adorer ou de détester ce film.