Après la Déchirure, Roland Joffé donne dans le drame épique avec cette fresque grandiose sur fond de lutte historique inspirée de faits réels, au coeur d'une nature sauvagement belle. Je n'avais pas vu ce film lors de sa sortie mais plus tard en VHS, mais je me souviens du battage qui était fait par les médias, il y a eu 2 tendances : d'un côté, on reprochait à ce film son caractère spectaculaire, les gros moyens mis à sa disposition, l'exotisme exagéré (le tournage eut lieu dans de beaux décors naturels d'Argentine), la musique de Morricone, l'ampleur du sujet et plein d'autres trucs. De l'autre, on clamait partout que c'était un chef-d'oeuvre à la mise en scène inspirée.
Moi je suis au-dela de cette polémique ridicule, c'est pas du cinéma "trop facile" ou trop ceci et pas assez cela, mais c'est comme si on reprochait aux paysages d'être trop beaux. C'est un film au sujet fort, qui décline toutes les formes de colonialisme, le respect des Indiens Guaranis, le rôle des jésuites face aux conquistadores espagnols et portugais, et qui ne fait pas oublier les massacres et les victimes des colonisateurs. Il y a sans doute un excès de thèmes passionnants qui s'entrecroisent et qui ne sont pas tous traités de façon égale, c'est pourquoi je n'y vois pas le chef-d'oeuvre que l'on a voulu nous présenter, juste un bon film où la musique de Morricone est belle sans être exceptionnelle (ça aussi, on nous l'a vendu comme argent comptant), et où le casting regorge de talents, mais dominés par un Jeremy Irons en jésuite idéaliste et intègre, et un De Niro étourdissant qui donne une dimension saisissante à son personnage de chasseur d'esclaves cruel mais repenti, en somme le saint homme et le soldat qui forment les 2 visages complémentaires de la fameuse Compagnie de Jésus.