Mon exploration de la carrière de Steven « Saumon plus trop Agile » Seagal continue par ordre chronologique et nous voilà devant Mission Alcatraz, dernière tentative des producteurs de sortir un Steven Seagal en salles. Il s’agit du premier long métrage de Don Michael Paul qui deviendra par la suite un spécialiste des suites en DTV avec des titres tels que Lake Placid Final Chapter, Jarhead 2, Tremors 5, Le Roi Scorpion 5, ou encore Un Flic à la Maternelle 2, et il est même l’auteur du scénario. Avec 13M$ de budget, Mission Alcatraz en a rapporté à peine 19 et clairement, il est loin le temps ou Seagal faisait péter le box-office. Toujours dans sa période rappeur, Saumon Presque Agile fait ici équipe non pas avec un, mais bien avec deux rappeurs américains, Ja Rule et Kurupt, parce que c’est classe les rappeurs ‘voyez ? Alors si on a deux rappeurs, c’est deux fois plus classe ‘voyez ? Bon, ça c’est de la théorie parce que dans les faits, Mission Alcatraz ce n’est pas bon. C’est parfois rigolo, mais ce n’est pas bon.


Steven Seagal n’est plus aussi affuté qu’avant, commence à devenir gras du bide, et il n’est définitivement plus capable d’assurer ses cascades, même lorsqu’il s’agit d’une pauvre petite chute au sol suite à un balayage. Lui-même ne semble pas à l’aise avec cette nouvelle corpulence, arborant sans cesse des vêtements épais comme pour cacher la misère dessous. Et puis à l’instar du film précédent, nous sommes au final pas loin du second rôle car il est très en retrait si on prend le film dans son ensemble et même lorsqu’il est là, il semble très désintéressé par ce qu’il se passe, voire un peu hors du coup, comme s’il se rendait déjà compte que sa carrière avait pris une tournure de laquelle il ne pourrait jamais ressortir. Le casting n’est clairement pas très bon, en particulier les rappeurs qui auraient mieux fait de rester au hip hop plutôt que de s’essayer au métier d’acteur. Seagal s’implique une scène sur deux et on sent bien que ce n’est pas l’envie qui l’animait. De l’aveu même du réalisateur et de certains des acteurs, Seagal arrivait sans cesse en retard et retardait régulièrement le tournage car il préférait se faire des petits voyages de 1 ou 2 jours plutôt que de se rendre sur le tournage. Classe et professionnel en toute circonstance. Les personnages n’ont de toutes façons absolument aucune substance, à commencer par les méchants qui sont interchangeables tant aucun n’a de véritable personnalité. Le personnage de Seagal, qu’on tente de nous faire passer pour un petit bandit trafiquant de voiture, est cramé à 10km tant on se doute que le film va nous sortir un twist des familles comme « ah ah, en fait il est du FBI ! » et, attention SPOILER ALERT, il est effectivement du FBI. On ne l’avait pas vu venir dis donc…


Le scénario du film est bête comme ses pieds, rempli de lacunes, en plus d’être incohérent au possible. C’est beau ces prisons avec une armurerie contenant des mitrailleuses lourdes et des lance-grenades. C’est beau ces prisonniers qui ne profitent pas de la pagaille ambiante, préférant jouer au basket ou draguer une femme au lieu d’essayer de s’enfuir. Don Michael Paul semble être un grand fan à la fois de Matrix et de John Woo. Pour ce dernier, on sent l’inspiration clairement dans les gunfights, avec des personnages qui tirent au ralenti avec une arme dans chaque main pendant que ça pète partout derrière eux. Pour Matrix, c’est clairement le personnage de Nia Peeples qui semble sortir du célèbre film des Watchowski, aussi bien dans sa tenue que dans les poses qu’elle prend lors des scènes d’action. Parlons des scènes d’action justement. N’espérez pas voir Seagal casser des bras et péter des rotules. Tout ici va se régler avec des sbires qui vont vider leur chargeur dans tous les sens. Alors oui, ça canarde, ça explose, ça crible des corps de balles, et sincèrement, c’est plutôt punchy et même parfois assez spectaculaire compte tenue du budget correct mais pas non plus du niveau d’un gros blockbuster. Ça tire, ça crie, mais dans une des scènes sur deux, si ce n’est plus, Seagal n’y participe même pas. Lorsque certains décident d’y aller mano à mano, ça tente de singer Matrix mais bien mauvaise manière. Et puis l’ensemble n’est pas toujours très bien filmé, avec des scènes d’action et des chorégraphies de combats qui sont filmées sous des angles de vue assez aléatoires. Heureusement, Mission Alcatraz est très rythmé, avec des séquences d’action qui s’enchainent à un bon rythme. Alors certes, ce n’est pas du grand art, c’est bien boiteux comme il le faut au point d’avoir avoir parfois des fous rires, mais malgré tout, si on n’est pas trop regardant sur la marchandise ou qu’on n’a vraiment plus rien d’autre à se mettre sous la main, on pourrait y prendre un certain plaisir.


Difficile de ne pas se marrer devant la débilité de certaines situations, mais avec ses punchlines à la con, son rythme soutenu, ses explosions, Mission Alcatraz reste, à défaut d’être bon film, un Steven Seagal encore regardable si on n’est pas trop difficile.


Critique originale avec images et anecdotes : https://www.darksidereviews.com/film-mission-alcatraz-de-don-michael-paul-2002/

cherycok
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le 22 août 2024

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