Découvert hier soir en avant-première (les plaisirs simples d’une existence cinéphile…).
C’était bien.
L’annonce du retour à la barre de Christopher McQuarrie pour le sixième opus de la franchise m’avait en son temps un peu chagriné, alors même que j’avais apprécié son MI5, tout simplement parce que j’aimais bien la politique jusqu’alors en vigueur de changement de réal à chaque épisode, procédé qui avait permis à chaque volet de trouver une identité unique – celle de son réal – et en conséquence débouché sur des films aussi différents que le MI1 de De Palma (mon préféré ex-aequo et le seul à jouer la carte de l’espionnage pur et dur… modulo son climax à grande vitesse – au demeurant très réussi, n’en déplaise aux faquins restés à quai), le MI2 de John Woo (Cruise porn éhonté aussi fun qu’embarrassant, mais que je n’arrive pas à ne pas aimer), le MI3 de Jar Jar Abrams (triple-épisode d’Alias mais là encore, comme j’adore Alias, j’aime bien malgré le résultat télévisuel), le MI4 de Brad Bird (le plus ludique et qui réinstalle définitivement la licence sur les bons rails) et, enfin, le MI5 de Christopher McQuarrie donc.
Puis finalement, son MI6 m’ayant encore plus convaincu que sa première contribution (en devenant rien de moins que mon autre épisode préféré ex-aequo), l’annonce en 2019 d’un nouveau retour du bonhomme, pour l’épisode 7, mais aussi l’épisode 8 dans la foulée (!), m’avait cette fois-ci bien emballé : quitte à ce que la franchise s'asseye sur son principe historique de convoquer un réal inédit pour chaque mission, ma foi… autant que ce soit avec un réal que j’apprécie comme celui-ci.
Et du coup, sans surprise, ce 7ème opus se révèle à son tour une jolie réussite ! Cinq ans, une pandémie mondiale et trois doses après Fallout, l'artisan cruisophile McQuarrie n'a fort heureusement rien perdu de son savoir-faire, et ce Dead Reckoning s'avère aussi impeccablement troussé que ses deux prédécesseurs, tout en retrouvant un ton un peu plus léger après le très solennel Fallout (qui me plaisait beaucoup entre autres pour cette raison). Sans rien avoir perdu de son sens du spectacle, et avec en prime une petite touche depalmienne qui n’est pas pour me déplaire (ces plans inclinés comme dans MI1 – on aime), McQuarrie nous emballe ainsi une nouvelle compilation pour le moins généreuse de moments de bravoure (à pied, en voiture, à moto, en parachute, en train – j’en oublie ?) tous bien efficaces si ce n’est fendards, le tout certes au service d’une énième intrigue à base d’arme surpuissante à neutraliser (en l’occurrence une IA déter à côté de laquelle ChatGPT ferait irrémédiablement office de petite sœur attardée), mais qu’importe, c’est aussi ce qui fait le charme de la boucle Mission Impossible ; et surtout, il le fait à un rythme si effréné que les deux heures quarante passent étonnement sans problème, alors que je craignais qu’une telle durée porte un peu préjudice au film en le diluant pour meubler cette première partie.
Car non, loin d’être dilué, le film est en fait une succession presque ininterrompue de scènes de bastons/fusillades/courses-poursuites, à tel point qu’il ne prend en fait très étonnement presque jamais le temps de se poser… ce qui en fait un solide shot d’adrénaline de 2h40, certes, mais nous prive aussi de respirations qui auraient été les bienvenues, et que j’aurais accessoirement volontiers consacrées à la relation entre Hunt et Ilsa, que je trouve traitée bien trop superficiellement ici, a fortiori après deux épisodes qui faisaient graduellement monter la sauce. Je n’ai rien contre le nouveau personnage incarné par Hayley Atwell, qui est tout à fait délicieuse, bien au contraire même, mais ça m’a un peu fait chier de la voir éclipser sans vergogne celui d’Ilsa Faust.
Et c’est là le principal reproche que j’aurais à formuler au film : à chercher l’efficacité à tout prix (et il la trouve, je vous rassure : on est embarqués tout du long), il néglige l’émotion (que je trouvais pour le coup dans son prédécesseur). Cela même lors de ses quelques scènes clés (je reste volontairement flou, ceux qui l’ont vu comprendront)… ce que j’ai toujours du mal à pardonner quand j’aime les personnages dont il est question.
Alors j’ai envie de croire que la seconde partie (MI8) sera plus réussie sur ce point, que McQuarrie et Cruise nous préparent une conclusion vraiment poignante pour la petite troupe (en partant du principe que ce 8ème opus sera bien pensé comme une conclusion, mais c’est ce qui semble effectivement ressortir du projet – quitte à ce qu’un neuvième opus se fasse plus tard), mais en l’état, ce MI7 m’a moins fait vibrer que le 6. Il est efficace oui, à tel point qu’il en est même presque épuisant (dit-il le cul bien enfoncé dans son fauteuil), d’autant que la partition de Lorne Balfe est ici bien assourdissante (là aussi je préférais son taf sur Fallout) ; et il se pose comme d’hab sur le podium des blockbusters ricains de l'année (avec John Wick 4 et Les Gardiens de la Galaxie 3, sauf très bonne surprise d’ici décembre), mais sa générosité indéniable et son rythme haletant, s’ils lui évitent l’écueil du ventre mou en cours de route (pas plus de ventre mou dans ce MI7 que sous le tee-shirt de Tom Cruise, donc les pecs galbés et les abdos saillants sont toujours aussi m – heu je m’égare), sont tout de même condamnés à s’interrompre sur un cliffhanger nous laissant forcément un peu sur notre faim.
Cliffhanger largement moins honteux que ceux des récents (quelle mode haïssable putain, en espérant qu’elle tourne court) Fast & Furious 10 et Spider-Verse 2, dieu merci, mais n’empêche que tu sors de la salle en n’ayant vu qu’un demi-film, là où tous les précédents MI avaient pour eux de te raconter une histoire complète – et accessoirement en une demi-heure de moins. (En espérant d’ailleurs que le prochain ne dure pas 3 heures, par simple pulsion de surenchère.)
Bref : MI7 c’est bien, mais moins que le 1 et Fallout (mes deux sommets de la franchise). Un enchaînement bien chargé de scènes d’action toutes rigoureuses et amusantes, déployées à un rythme bien soutenu, et portées par une distribution vraiment dingo (outre les habituels que l’on aime tous, le retour de Kittridge fait vraiment plaisir – mais aussi réaliser la faute de goût incroyable de s’en être privé pendant vingt-cinq ans –, celui de la Veuve blanche aussi, et les deux nouvelles nanas sont très bien aussi – même si petite frustration pour Pom Klementieff, qui a une sacrée présence et que j’aurais voulu voir plus !).
Et je croise les doigts désormais pour un final en fanfare. Tous les ingrédients sont là, ils ont un boulevard (et je dirais même un boulevard… de Sébastopol, krr krr) pour une conclusion qui retrouve les sommets de la franchise.
D'ici-là : gloire à Tom Cruise, bien sûr.
Procédure habituelle.