La saga Mission : Impossible est unique dans le paysage hollywoodien actuel, toujours plus demandeur de franchises sur lesquelles les studios peuvent se reposer. Depuis le premier volet en 1996 réalisé par Brian De Palma, la saga n’a eu de cesse de se démarquer, dans un premier temps par la diversité des auteurs qui étaient aux commandes (se sont succédé nul autre que Brian De Palma donc, mais aussi John Woo, J.J. Abrams ou Brad Bird), puis par la quasi-exclusivité de son acteur principal depuis maintenant près de trente ans : Tom Cruise. Si les trois premiers volets pouvaient être vus comme des stand alone movies (en d’autres termes, qui n’avaient pas de liens narratifs entre eux, excepté la présence du personnage principal Ethan Hunt), ils sont aujourd’hui reconnus de manière presque unanime. C’est à partir du quatrième volet, Mission : Impossible – Protocole fantôme, qu’une forme de standardisation de la saga s’est opérée. Certes le public suit (chaque nouvel épisode est plus lucratif que le précédent) et la plupart des critiques aussi, mais cette standardisation semble pointée du doigt, d’autant plus que Christopher McQuarrie, associé de Tom Cruise depuis ce quatrième volet (il a également scénarisé Jack Reacher en 2012 et Top Gun : Maverick en 2022), est de nouveau à la barre de ce nouvel épisode, son troisième, une première dans l’histoire de la saga. Mission accomplie ?
Chaque nouveau film de Tom Cruise (non plus « avec » Tom Cruise, mais « de » Tom Cruise) est attendu comme le messie par toute la planète cinéphile mondiale. En 2022, il réalise le fantasme de nombreux fans avec la sortie de Top Gun : Maverick, suite tardive du premier Top Gun (Tony Scott, 1986), marketé comme sauveur du cinéma avec la crise du Covid (par ailleurs adoubé par Steven Spielberg). Le succès du film tant critique que commercial sont là pour le démontrer. Aujourd’hui, il revient avec un nouveau Mission : Impossible, le septième, cinq ans après la dernière aventure d’Ethan Hunt dans Mission : Impossible – Fallout (Christopher McQuarrie, 2018), déjà acclamé est porté comme l’un des meilleurs épisodes de la franchise. Si le précédent film s’attardait sur les conséquences (fallout en anglais) du cinquième volet (Mission : Impossible – Rogue Nation de Christopher McQuarrie, 2015), ici il s’agirait plutôt d’un retour aux sources de la saga pour mieux la terminer. Puisqu’en effet, le blockbuster scindé en deux parties est annoncé comme la dernière aventure d’Ethan Hunt.
Un passage du temps qui se ressent dans ce septième film en vingt-sept ans. Tom Cruise est marqué, physiquement – l’acteur quand même dépassé la soixantaine – tout comme ses coéquipiers Simon Pegg (depuis le troisième volet en 2006) et Ving Rhames (depuis le premier volet). Il est aussi marqué psychologiquement, laissant chaque situation être déterminé par le sort de chaque individus impliqué, se confrontant inlassablement à sa propre mort. Ils peuvent cependant être aidé par quelques personnages secondaires intéressant(e)s : Rebecca Ferguson qui fait ici son retour après être apparue dans les deux volets précédents, qui trouve ici un rôle peut-être moindre, mais dont le plaisir de se retrouver à l’écran est communicatif. Hayley Atwell, nouvelle dans la franchise, trouve un rôle taillée sur mesure pour elle en tant que miroir féminin d’Ethan Hunt, et dont la relation « maître-apprentie » est réellement plaisante à suivre, sans par ailleurs que celle-ci ne vole la vedette à Tom Cruise (à l’inverse de Phoebe Waller-Bridge dans le dernier Indiana Jones). Par ailleurs, Pom Klementieff pour qui il s’agit du premier gros rôle hors de ses apparitions chez Marvel, est plutôt remarquable en simili Katana muette.
Mais surtout, le plan sur lequel on attend chaque nouveau film Mission : Impossible, c'est bien celui de l’action et des cascades, avec à chaque fois des promesses de plus en plus folles. Et ici, le pari est tenu. Les course-poursuites, les combats et cascades sont ultra-divertissantes, rivalisent avec celles des autres épisodes. Et même si Tom Cruise est marqué par l’âge, la personnalité qu’il a réussi à se bâtir depuis un peu plus d’une décennie fait que l’on y croit à chaque instant. Oui, il échappe à ses ennemis en voiture menotté à Hayley Atwell en passant dans les petites rues romaines. Oui, il saute en parachute avec une moto depuis une falaise pour atterrir sur un train.
Mais là où le film pêche, c’est sur le point du scénario. Bien sûr, les Mission : Impossible n’ont jamais eu la réputation d’être excellement bien écrits, mais ici pourtant, l’histoire est simple : les personnages sont à la recherche d’une clé. Mais les enjeux ne sont pas clairs : à quoi sert cette clé ? demande Tom Cruise de nombreuses fois pendant le métrage. Finalement, on en sait toujours rien. Certes, l’intelligence artificielle est l’antagoniste principal du film, elle est utilisée plusieurs fois, mais jamais on ne prend conscience de sa réelle dangerosité. Et ce ne sont pas les quelques séquences de dialogues qui nous éclaircirons sur ces points. Le fil rouge est clair, ne manque plus qu’un semblant de substance. Moins porté sur ses personnages que Mission : Impossible – Fallout, ce nouveau film est moins subtil que le précédent, se voulant plus comme une aventure globe-trotteur aux allures d’espionnage fortement inspirés du premier volet.
C’est donc avec un réel plaisir que nous retrouvons Ethan Hunt et la Mission Impossible Force dans ce Mission Impossible – Dead Reckoning Partie 1. Le film manque d’un scénario clair, mais est sauvé par un casting plaisant, des scènes d’actions qui se classent déjà parmi les meilleures de la série et un duo Cruise-Atwell flamboyant.