La série de films des Mission: Impossible est très particulière car les volets sont radicalement différents les uns des autres —au moins pour les trois premiers—, chaque réalisateur apposant sa marque. Après le —quasiment— sérieux film d’espionnage de De Palma et l’action flick complètement décomplexé de John Woo, c’est donc JJ Abrams qui reprend les rennes.


Un peu moins porté sur les “flares” et un peu plus sur la “shacky cam” que d’habitude, Abrams nous livre donc sa version des aventures d’Ethan Hunt : une histoire plus personnelle qui laisse l’espionnage quasiment sur le carreau. L’action est bien sûr au rendez-vous, mais tous les moteurs de l’intrigue sont sentimentaux, à tel point qu’on ne saura jamais ce qu’est la “patte de lapin”, le McGuffin de l’histoire. Mais finalement, les relations troubles de Hunt avec sa femme —à qui il ment sur son boulot— et sa protégée —le film laisse planer le doute sur une éventuelle liaison— fonctionnent bien. Tout n’est pas rose non plus au niveau du scénario, et on a droit à quelques gimmicks usés jusqu’à la corde comme un traitre au sein de l’IMF, des plans grotesquement complexes ou des personnages secondaires comme Jonathan Rhys-Meyers et Maggie Q transparents.


Mais surtout, le gros point fort du film est le personnage du méchant, incarné par Philip Seymour Hoffman. Il est absolument implacable, jamais en perte de contrôle, même prisonnier, complètement imperméable à toutes les tentatives de Hunt pour l’amadouer ou l’intimider. Bref, c’est un personnage terrifiant, et la première scène du film l’illustre magnifiquement. Ça c’est un vrai antagoniste de film, qui semble tellement supérieur au héros —psychologiquement— qu’on se demande comment ce dernier va renverser la situation.


Côté action, on reste dans du très standard, malheureusement sans grand intérêt. Les cascades, marque de fabrique de la série et réalisées par Cruise lui-même, sont parfaitement oubliables. Et parfois la shacky cam s’emballe tellement qu’on ne comprend plus bien ce qu’il se passe. La réalisation dans son ensemble est beaucoup plus générique, le "style" Abrams étant moins marqué que celui de De Palma ou Woo.


Bref, MI3 est un film qui explore une facette privée inédite d’Ethan Hunt, malheureusement au détriment de l’espionnage, et de l’action. En tout cas, l’antagoniste est suffisamment bien écrit pour maintenir le spectateur en haleine tout au long du film.

Bastral
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le 28 juil. 2018

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