Parmi les sagas d’actions hollywoodiennes, « Mission Impossible » est sans aucun doute parmi les plus infaillibles, les valeurs sûres. Malgré la sacrée fausse note du deuxième opus, voilà une série qui prend le temps de bien faire les choses, tout en ayant le soin de choisir les réalisateurs qui se distingue de la masse. Après le sympathique (mais très vite oublié) « Jack Reacher », Christopher McQuarrie est au commande de ce cinquième opus. A la hauteur, le Christopher ?
Avec une magnifique ouverture, une séquence d’opéra parfaitement dosée, un enlèvement astucieux et une course-poursuite haletante à Casablanca, il est difficile de répondre par la négative. Tout est filmé avec élégance et les pirouettes scénaristiques sont de moindre importance face aux pirouettes de Tom, l’infatigable, l’immuable Tom, à l’image de la série qu’il produit et porte sur ses épaules de scientologue. Parce qu’au fond, le « Syndicat », l’entité malfaisante que pourchasse Ethan, n’apporte rien de nouveau sous le soleil à la narration de la saga. Localiser le méchant aux quatre coins de la planète, échouer, échouer, puis réussir.
Ce « Rogue Nation » se distingue plutôt pour certains éléments qui maintiennent l’attention du spectateur avec brio. Un personnage féminin très réussit, jouant sur trois tableaux au moins (son statut d’agent double est tellement complexe qu’on doute toujours de ses intentions) une référence à Hitchcock par-ci, un Simon Pegg plus réjouissant que jamais par-là et ce nouvel opus a tout de la suite attachante et bien ficelée.
Seulement voilà, McQuarrie n’est ni Brad Bird, ni J.J. Abrams, et encore moins Brian De Palma, et les scènes d’anthologies de ces différents réalisateurs sont bien plus mémorables que celles de « Rogue Nation ». Ne vous attendez donc pas à la virtuosité d’un cambriolage suspendu ou celle d’une escalade de building très glissante, même si la scène de l’opéra sort ici du lot avec panache. Le film ne manque en tout cas ni d’inventivité, ni de rythme et ni d’un humour qui fait souvent mouche. De toute façon, dès qu’on entend le monumental thème du grand compositeur Lalo Schifrin, la moitié du travail est déjà accomplie tellement cette musique est captivante, intemporelle.
Le sentiment qu’on éprouve devant ce « Rogue Nation » est donc purement paradoxal : on aimerait une réalisation et un scénario plus atypique, mais force est de constater que les scènes d’actions nous rassasient pleinement, ou du moins assez pour prendre son pied, décoller avec Tom et ne redescendre qu’à la fin du générique.