Une entreprise de la grande distribution veut acheter une vieille quincaillerie du centre de Bayonne afin d'y installer un de ses magasins.Pour concrétiser la transaction,la société envoie sur place Sibylle,sa négociatrice de choc,qui doit acquérir la boutique à bas prix.Mais l'executive woman aux dents longues se heurte à Ramuntxo,le propriétaire des lieux,bouseux rétrograde opposé aux grandes surfaces.La souris des villes et le rat des champs se détestent d'emblée avant de s'apprivoiser mutuellement.Que croyez-vous qu'il arrivât à la fin?Tout le monde l'aura deviné.Le transparent Ludovic Bernard est à la réalisation mais le film est surtout l'oeuvre de son producteur Eric Heumann,également auteur du scénario avec Michel Delgado.C'est un bien grand mystère que cette bluette ait été fabriquée pour le cinéma tant elle s'apparente à toutes ces comédies bas de gamme à destination de la télé,ces comédies familiales sans saveur et sans identité qui occupent les prime time égayant les soirées des décérébrés de la France périphérique,ces téléfilms vides où des acteurs tels que Bernard Le Coq,Pierre Arditi,Mimie Mathy ou Ingrid Chauvin viennent mollement cachetonner.De fait,"Mission Pays Basque" ne déparerait pas à 21 heures sur TF1 ou la TNT un morne soir de semaine.Tout y est: la mise en scène atone et dépersonnalisée,l'image sans grain lookée France3 Régions,le scénario mièvre et bêta et les personnages creux.L'avantage est que ça a le bon goût de ne pas se prendre au sérieux en nous infligeant de douteux messages socio-politiques.On peut cependant déplorer la présentation folklorique faite de basques clichetonneux à souhait qui sont arriérés,ombrageux,rugueux,chauvins,fêtards,cabochards et tous liés de près ou de loin à l'ETA.Ceci dit,on se moque également des bobos parisiens,ces cadres sup arrogants obsédés par la carrière et le pognon.Quelques détails amusants surgissent au fil de cette romcom du terroir,comme les délires du vieux quincailler frappé d'Alzheimer,les clins d'oeil vicelards de l'hôtelier ou le personnage du jeune beau-frère largué constamment défoncé au cannabis.Mais dans l'ensemble ce n'est ni drôle ni maîtrisé et les instants gênants abondent,notamment dans la pathétique partie "trafic d'armes" qui culmine dans la séquence lors de laquelle Sibylle et Ramuntxo bernent les gendarmes en se faisant passer pour des membres d'un cirque.Quant à la prévisibilité,elle est à son maximum,comme en témoigne cette scène dans laquelle la fille va dans les bois pour uriner.La voici accroupie au milieu des arbres et là,Pyrénées obligent,on se dit: un ours va se pointer.Et bingo,c'est effectivement pile ce qui arrive!Le directeur de casting Gérard Moulévrier est un des meilleurs dans sa branche mais il n'a réuni ici qu'une distribution de second choix.Il faut dire qu'il est tributaire de l'enveloppe financière qu'on lui alloue et qu'elle ne devait en l'occurrence pas être épaisse.Les acteurs sont donc de notoriété relativement limitée.La très jolie Elodie Fontan, connue pour être la compagne et l'actrice fétiche de Philippe Lacheau,affiche là ses limites en tant que premier rôle,même si son potentiel sexy la sauve parfois,comme quand elle se vautre dans la boue en tailleur chic.Florent Peyre,humoriste de deuxième zone,se révèle bon techniquement mais son manque de charisme l'empêche de passer la rampe,et sa prestation est complètement sinistrée par le fait qu'il campe un basque ultra,un pur et dur,sans le moindre accent du Sud-Ouest!Daniel Prévost est comme d'hab impeccable en vieillard enjoué qui perd les pédales.Bonnes performances également d'Eric Naggar en patron carnassier et de Patrick Ligardes en hôtelier affligé d'un tic nerveux.Pour le reste,ce n'est vraiment pas terrible,entre une Arièle Semenoff,la maman de Mélanie Doutey,peu à l'aise en belle-mère méprisante et une Barbara Cabrita bien mignonne mais plus à son affaire dans des productions télévisuelles que sur grand écran,en passant par le pâle Ludovic Berthillot qu'on a vu en curé dans "La bête de miséricorde" de Mocky.Par contre,le jeune Damien Ferdel parvient à donner un certain relief à son personnage d'ado débile shooté à la fumette malgré un rôle trop outré.