Aborder le racisme ordinaire et virulent dans le Mississipi des années 60, avec l'ombre malveillante du Ku Klux Klan qui plane, est toujours délicat pour un cinéaste américain. En tant qu' Anglais, Alan Parker adopte un parti-pris modéré qui permet de ne pas plomber le film, il en devient même passionnant en dépit de son sujet grave. C'est quand même un brûlot antiraciste traité avec manichéisme, émaillé par quelques moments forts, et soutenu par une reconstitution d'époque soignée et remarquable.
L'interprétation est sensationnelle, depuis le duo de flics qui s'oppose dans les méthodes, joué à la perfection par Hackman (en vieux briscard malin) et Dafoe (respectueux de la légalité), jusqu'aux seconds rôles qui fonctionnent parfaitement comme Brad Dourif, Michael Rooker, Stephen Tobolowsky ou Frances McDormand... et même les 3ème rôles qui sont tous excellents, comme Badja Djola, Gailard Sartain, Kevin Dunn, Lee Ermey... Je reviens sur Gene Hackman qui est un de mes acteurs préférés, et le voir ici me régale toujours autant : rester aussi cool en ne faisant pas grand chose, juste sa présence énorme, son allure nonchalante et ses regards suffisent pour voir que c'est un immense acteur. Des gars de cette trempe peuvent vous sauver le pire navet, mais là heureusement, le film est solide, et Parker n'est pas le premier venu. Les films américains sur la ségrégation sont assez nombreux, mais je crois qu'on touche le haut du panier, Mississipi Burning est sans conteste dans le duo de tête auprès de Dans la chaleur de la nuit.