Dans les années 60, une petite ville sudiste du Mississippi portée sur des valeurs ancestrales, conservatrice et ouvertement raciste. La disparition de trois militants fait intervenir deux agents du FBI que tout oppose : un roublard blagueur et décontracté et un binoclard en costard qui semble ne jamais avoir ri. Tout deux vont se confronter à la population locale qui semble en savoir beaucoup sur cette mystérieuse disparition tout en restant muette comme une tombe. L'enquête n'est pas facile et nos deux agents vont se retrouver seuls lorsqu'ils découvrent que même la police a des choses à se reprocher.
Alan Parker tient ici un sujet fascinant qui tient en haleine du début à la fin grâce à une chose rare : le talent... On savait le réalisateur prodigieux après son excellent Birdy et surtout son mémorable Midnight Express, il le prouve une fois encore en mettant en scène ce film policier déroutant qui arrive à mettre tout aussi mal à l'aise que ses précédents films. Renouant avec l'atmosphère quasi-fantastique d'Angel Heart, tourné l'année d'avant, Parker nous offre une pléiade de plans impressionnants, de séquences poignantes, d'interprétations bluffantes.
Mené par le toujours aussi imposant Gene Hackman et par le charismatique Willem Dafoe, Mississippi Burning est une pièce maitresse dans la filmographie de chacun des membres de l'équipe. Musique saisissante, décors envoutants, mise en scène maîtrisée et scénario haletant font bon ménage pour près de deux heures de suspense intenable. Car bien que les coupables soient évidents à l'écran, difficile de savoir vraiment qui tire les ficelles et surtout, difficile pour nos deux enquêteurs de le prouver. L'une des forces du film réside donc dans ce scénario malin qui happe sans prévenir le spectateur pour l'asséner de moments déchirants, de séquences inoubliables, de passages fracassants.
En somme, un chef-d'œuvre du genre immuable et toujours autant impressionnant qui marque au fer rouge le film policier des années 80.