Joli succès public et critique pour ce film signé Alan Parker, qui relate un sordide fait divers survenu dans le sud des Etats-Unis dans les années 60, impliquant des membres du tristement célèbre Ku Klux Klan dans les meurtres de militants pour les droits civiques.
Comme à son habitude, le cinéaste n'y va pas avec le dos de la cuillère pour étayer son propos, frôlant plus d'une fois un certain manichéisme et n'évitant pas quelques facilités. Bien heureusement, ses quelques défauts n'entachent pas trop un long-métrage bénéficiant d'un sujet assez fort pour compenser ses failles.
Tout le long de son film, Alan Parker parvient à instaurer une ambiance pesante, à restituer la moiteur du sud et surtout, le sentiment d'insécurité et la tension qui régnait à l'époque, comme si tous ces personnages étaient assis sur un baril de poudre près à exploser à tout moment. La mise en scène soignée du metteur en scène, couplée à la partition étouffante de Trevor Jones, donnent ainsi lieu à une véritable atmosphère nauséabonde et suffocante.
Plus que l'intrigue, finalement sans grande surprise, ce sont avant tout les échanges entre les deux protagonistes principaux qui font la réussite de Mississippi Burning et permettent aux spectateurs de réfléchir à un problème aussi complexe. Bien que visant les mêmes objectifs, travaillant pour la même cause et les mêmes idéaux, les agents superbement incarnés par Gene Hackman et Willem Dafoe n'ont pas le même vécu, les mêmes méthodes, et donc une vision opposée en bien des points. Cela permet un équilibre, un certain recul, là où les seconds rôles, pourtant joués par un casting impeccable, ressemblent un peu trop à des clichés ambulants.
Manifeste vénère contre la connerie humaine, Mississippi Burning manque singulièrement de subtilité mais a au moins le mérite d'exister et d'ouvrir le débat, surtout à une époque comme la nôtre où les préjugés et le racisme reviennent en force, évitant de plus l'aspect scolaire et bien-pensant dans lequel le genre est depuis tombé.