Étant un grand admiratif du cinéma d'Arthur Penn, c'est toujours avec une certaine attente que je découvre un de ses films, ici The Missouri Breaks, où il nous fait suivre un voleur de chevaux qui s'installe dans un ranch dans une région du Montana.
Le metteur en scène de Bonnie & Clyde va surtout se concentrer sur la traque de celui-ci par un "régulateur", commandé par le propriétaire local. Il prend son temps pour dresser le portrait de ce voleur puis du face-à-face qui l'attendra dans la seconde partie du film, cassant les codes du western pour y ajouter une touche de dérision mais aussi, faire ressortir l'humanisme du voleur qui va découvrir une nouvelle vie, et façon de vivre. L'histoire passe clairement au second plan, ce sont eux qui font avancer le film et le rendent passionnant tant Penn, bénéficiant déjà d'une bonne qualité d'écriture, trouve toujours le bon équilibre.
C'est d'ailleurs, et surtout, le tableau du voleur que dresse Arthur Penn qui est vraiment intéressant, ce dernier mettant en avant une sorte de rédemption pour celui-ci. Le face-à-face permettra à Penn de mettre en avant une vision très nuancée du "bon" face au "méchant", montrant finalement que l'humain est par nature assez violent et enclin à suivre ses pulsions sans se fixer de limite, et c'est à travers un régulateur tueur, excentrique et limite sadique qu'il le fait. Et c'est là aussi que l'oeuvre prend une dimension particulière, lorsque le voleur trouvera un certain humanisme et que les rôles s'inverseront, la séquence où Brando est dans sa baignoire est remarquable en ce point-là.
Il se montre inventif sans tomber dans un quelconque excès et tout le long imprévisible, tant les réactions des personnages sont difficiles à anticiper. Comme dans The Left Handed Gun, il démystifie le western, dont il s'approprie les codes, et met en place une ambiance souvent désenchantée, légèrement mélancolique et complexe. Penn nous plonge tout droit dans l'ouest américain et sublime, à travers une reconstitution aussi réussie que la photographie est belle, les longues contrées du Montana ainsi que le contexte et les mœurs de l'époque. Devant la caméra, Brando est savoureusement excessif tandis que Nicholson se montre très à son aise dans un rôle pourtant assez complexe.
Après The Left Handed Gun et Little Big Man, Arthur Penn continue de s'approprier les codes du western et livre là une oeuvre aussi originale que réussie, où il va dresser de complexes, justes et passionnants tableaux humains.