Parmi tous les films où Eddie Murphy a joué, Mister G. est de l'avis de l'intéressé un de ceux qu'il apprécie le moins. Et on connaît tous sa longue et vigoureuse filmographie composée uniquement de chefs d'oeuvres. De quoi craindre le pire ?
GBSN est une chaîne de télé-achat au bord de la faillite. Le directeur des programmes, Ricky Hayman, est menacé d'être viré. Contrarié, au volant de sa voiture, il manque de peu de renverser celui qui veut qu’on l’appelle Mister G, au crane chauve, à la longue tunique blanche et aux paroles apaisantes. Il se méfie pourtant de cet excentrique, gourou de l'amour itinérant. Mais quand il se rend compte qu'il possède une présence sur l'écran salutaire pour les ventes, il va faire en sorte que Mister G vende ses produits, en tentant de canaliser sa personnalité.
Le scénario de Tom Schulman (Le cercle des poètes disparus) mélange l'univers capitaliste du télé-shopping avec la spiritualité et après tout pourquoi pas, l’animateur tentant désespérément de faire croire aux miracles de ses produits. Si la critique n'est guère féroce mais bien présente, elle laisse suggérer beaucoup de choses sur la mentalité du téléacheteur et, avec lui, du téléspectateur.
Mais là où Mister G se démarque c'est aussi par la figure de son héros, bienveillant, à l'écoute des autres, un « holy man » comme l'annonce le titre original, mais aussi une énigme, et à partir de là peut-être aussi un mensonge, comme le suggère le titre québecois, « L'illuminé ». Sans ses habituelles pitreries, sans ressentir le besoin d'incarner plusieurs personnages à l'écran, Eddie Murphy joue sobrement ce personnage dont l'altruisme entraîne la confiance ou la méfiance. Manipulé mais pas dupe, Mister G est une figure solaire, mais dont la véritable nature reste ambiguë.
A ses côtés, à moins que ce ne soit face à lui, Jeff Goldblum joue l'incroyant, l'arriviste, mais dont le bon fond veut s'exprimer. Un personnage doucement cynique comme l'acteur sait si bien les porter. Son assistante et potentiellement sa remplaçante est interprétée par la belle Kelly Preston, et quelques autres personnages gravitent autour du film, à moins que ce ne soit autour de Mister G.
Tourné avec une certaine application, ne serait-ce que pour montrer l'envers du téléshopping, Mister G souffre pourtant d'une réalisation qui n'a pas le même éclat que son sujet, trop souvent classique. Mais il s'agit pour autant d'une production que ne devrait pas renier Eddie Murphy, car il lui a pourtant offert un rôle différent où il a su se montrer convaincant. Le film est à la fois moqueur et tendre, offrant une agréable proposition.