Ce film de Korine rompt complètement avec ces films plus "trash" comme Gummo ou Trash Humpers, mais on y découvre une sensibilité, un regard unique qui m'a clairement transporté. Le casting est parfait, Herzog, Carax et surtout Denis Lavant en Charlie Chaplin désoeuvré. Les autres acteurs sont eux aussi très touchant. J'ai vu ce film pendant la période de confinement sur une plateforme que je remercie pour leur sélection : Mubi. Voir "Mr Lonely" à ce moment précis à sûrement ajouté du charme poétique à une mise en scène que je trouvais brillante. Mais, si en temps normal nous sommes tous seul, comme le répète Philippe Nahon dans "Seul contre tous", à ce moment du monde, nous le fûmes d'une autre manière. J'ai également vu, sur une devanture d'un cinéma américain : "Close until the real life doesn't see like a moovie". Nous, cinéphiles, avons pendant cette période, dévoré nos films, ceux que l'on voulait absolument voir ou qui nous avait filé entre les mains. Celui-ci est tombé comme un heureux évènement qui colorera mon confinement. Je l'ai vu comme ci, la vie réelle pouvait être celle que Korine met en scène dans ce film. Car, indépendamment des beaux discours sur la solitude, le sentiment d'étrangeté, l'inadaptation à une société rapide, ce film, prends le temps, par des plans esthétiques et un cadre enchanté, d'ancrer un récit que l'on découvre comme si l'on découvrait un tableau de Jérome Bosch du XXIe siècle.
J'ai été enchanté par ce film, les images sont belles, le ton est léger, le temps est étiré, mais jamais trop long à mon avis, tant les plans sont réfléchis et je me réjouis que le cinéma moderne puisse encore proposer ce genre de film. J'aurai voulu être un sosie et partir avec MJ le temps d'un tournage. Ce film rentre dans ma cinémathèque personnel et par cet écrit, j'espère que vous pourriez l'apprécier aussi, car il fait du bien.