Un film moyen, sans le faste habituel de Bollywood

Cet article contient des SPOILERS

Le titre signifie :

Histoires d'amour

Réalisation :

La réalisation est classique mais efficace. Les acteurs sont mis en valeur par de longs plans esthétisants. Des feuilles mortes balayant l'écran apportent une transition poétique mais kitsch entre les scènes. Le symbolisme est travaillé, notamment à travers les costumes, les décors.

Acteurs :

Ils sont inégaux. Amithab est comme souvent enfermé dans le rôle du patriarche froid et intraitable, ce qui est dommage. Ce personnage d'homme blessé, incapable d'exprimer ses sentiments, prisonnier d'une carapace de froideur, mais cachant un cœur d'or est étrangement récurrent dans sa filmographie. Il est cependant impressionnant, hiératique même.

On ne voit pas beaucoup Aishwaria qui fait ici potiche décorative. En effet, elle n'a que quelques mots de dialogue et sa prestation se limite à sourire. Même ses numéros de danse, où elle excelle d'ordinaire, n'arrivent pas à convaincre.

Shah Rukh est toujours aussi séduisant. Cet acteur est aussi bien dans tous les registres. Il est émouvant dans la scène où il tente d'expliquer l'amour à Amithab.

Les six jeunes sont eux bien peu convaincants, à la limite du sur-jeu (même pour du Bollywood) ou du soap opera américain. Leurs personnages sont assez simplistes.

Scénario :

L'histoire rappelle fortement Le cercle des poètes disparus au début. Le personnage de Shah Rukh et son destin sont plus intéressants que ceux des trois jeunes héros. Le film constitue une longue réflexion sur la vie et l'amour, les relations entre les gens. Il est axé sur le conflit de deux fortes personnalités, une pour les sentiments et la liberté, l'autre pour la discipline et l'ordre à tout prix. Malgré des longueurs, il est souvent poignant. Un peu d'humour ponctue l'histoire. Le romantisme est constant, notamment avec le symbole des feuilles mortes porteuses de messages d'amour. La fin est vraiment trop prévisible.

Photo :

Les décors sont superbes et bien mis en valeur avec notamment l'architecture austère de l'école. J'ai par contre été déçues par les costumes. Je suis habituée à une débauche de saris et de bijoux somptueux dans les Bollywood et je l'attends avec impatience. Mais là, il n'y a quasiment que des vêtements modernes, peu esthétiques, avec des jupes trop courtes, des tenues racoleuses, des matières vinyles désagréables… Les costumes traditionnels sont beaucoup plus décoratifs. On se rattrape un peu dans le deuxième partie du film.

Musique et danse :

Les numéros de danse sont plutôt modernes, trop à mon goût. Ils sont moins esthétiques que du katak ou du baratha natyam… La musique est peu variée, le thème principal revenant tout le temps. Mais ce thème entraînant, avec des paroles changeant pour porter le message de la scène en cours. Les scènes musicales sont parfois trop longues, notamment celle du début de la romance des six jeunes.

Peut être vu par des enfants ?

Je ne vois pas de raison d'éloigner les enfants de l'écran mais je doute que cette histoire d'amour très longue les intéresse.

Infos bonus :

Le film est interrompu par un interlude, qui n'est d'habitude pas visible dans les versions occidentales. Profitons-en pour aller nous restaurer ! Trois heures trente, c'est long !

Il y a une scène de baiser, ce qui est rarissime dans le cinéma indien. Bon, ce n'est pas le summum de l'érotisme mais c'est quand même surprenant.

Conclusion :

Ce film devrait plaire aux fans de Shah Rukh, égal à lui-même. Il est beaucoup moins bon à mon goût que Devdas ou Chori chori chupke chupke. La musique et les numéros de danse médiocres ainsi que des performances d'acteurs inégales en font un film moyen. Pas un navet mais pas un chef d'œuvre non plus.