Depuis déjà quelques années je me suis souvent retrouvé face à pas mal de paperasse et à ce beau bordel qu'est l'administration : passé la vingtaine, on commence à gérer ça tout seul et on s'aperçoit que c'est encore pire que ce qu'on s'imaginait. C'est pourquoi l'aperçu de ce film m'a tout de suite parlé : au-delà de tous ces sketchs sur le pôle emploi, la poste, la caf, la sécu, qui nous font rire en exagérant à peine la réalité, ici c'est bel et bien face à l'aspect dramatique de la chose qu'on se retrouve.
Daniel Blake est un homme comme vous et moi, même meilleur que beaucoup d'entre nous, c'est un travailleur, un homme généreux qui aide son prochain dès qu'il le peut, un homme qui n'a pas eu tellement de chance depuis quelques temps entre la perte de sa femme et ses problèmes de santé qui l'ont mis dans l'impossibilité de continuer à travailler. Il se retrouve ainsi au milieu de personnes qui, comme lui, ont été mises à l'épreuve par la dureté de la vie et qui essayent de s'en sortir, au point d'atteindre certaines extrémités que personne ne devrait jamais atteindre pour survivre décemment.
Alors peut-être que c'est parce que j'ai été récemment confronté assez souvent à ce monde de fous, ces aberrations administratives, ces gens sans aucune empathie qui ne font qu'obéir aveuglément à un système inadapté dans une société en totale perte de vitesse ; mais ce film m'a mis une claque. L'interprétation est tellement juste et le sujet tellement terre à terre, dans la triste vérité de l'instant présent que cela pourrait presque être un documentaire. Cette claque c'est véritablement une claque émotionnelle, on s'énerve après ces employés d'administrations qui ne comprennent rien, on rit de l'absurdité de certaines situations et surtout on pleure devant le drame criant de justesse et de sincérité qu'on nous présente là. Et c'est pourtant un film anglais, on pourrait se dire : heureusement en France on n'atteint pas de telles extrémités, et pourtant on s'aperçoit que c'est exactement la même chose. Malgré tout, comme le dit le personnage de Daniel Blake à juste titre : nous sommes bel et bien des citoyens, nous avons des droits, nous ne sommes pas des chiens, et en tant que tels un minimum de respect nous est dû. Et pourtant la façon dont nous sommes traités au quotidien par ces gouvernements, ces administrations, cette société, le respect, on le cherche encore...