Ce film est issu d’une interview de 5 h du roi en 2014 avec Laurence DEBRAY [qui lui avait déjà consacré un livre, « Juan Carlos » (2013), écrit à 37 ans]. Cette dernière admire son œuvre politique et son film constitue une déclaration d’amour (sic). Le film est une biographie de Juan Carlos dont la vie est mal connue en France :
c'est le petit-fils du roi Alphonse XIII, écarté du pouvoir par la 2nde République (1931) puis par le général Franco. Il nait en 1938 à Rome car son père, Juan de Borbón est en exil en Italie depuis 1934. Ça n’est qu’à l’âge de 10 ans, en 1948, qu’il met les pieds en Espagne. Il parlait alors espagnol avec un accent français. Dyslexique, il entre à l’Académie militaire. En 1956, à 18 ans, il tue accidentellement son frère cadet Alfonso en manipulant un pistolet dans la résidence de leurs parents à Estoril (Portugal). Il n’y aura pas d’enquête… A 20 ans, il entre à l’Université de Madrid, découvre l’anti-franquisme ; il a déjà rencontré la princesse Sophie de Grèce et leurs relations se renforcent en 1958. Il lui offre une bague de fiançailles en 1961. Le mariage a lieu à Athènes en mai 1962 avec 3 cérémonies, l’une catholique, l’autre orthodoxe et la 3e, civile. Le 6 juin 1973, Franco nomme comme président du gouvernement, l’amiral Luis CARRERO BLANCO. Il sera tué, à 70 ans, le 20 décembre 1973, par l’explosion d’une bombe de l’E.T.A. 100 000 personnes assistent à ses funérailles tandis que Juan Carlos prend la tête du cortège. Franco nomme alors Carlos ARIAS NAVARRO, auparavant ministre de l’Intérieur. Quelques jours avant sa mort, Franco signe les sentences de mort de prisonniers politiques, ce qui déclenche le rappel de nombreux ambassadeurs. Il décède le 20 novembre 1975 et Juan Carlos est proclamé roi deux jours après : à 37 ans, c’est le plus jeune chef d’Etat d’Europe. Carlos ARIAS NAVARRO reste Premier ministre et prône l’immobilisme. Des troubles ont lieu à Vitoria en mars 1976 : 5 grévistes sont tués par la police auxquels il faut ajouter 150 blessés. Le 3 juillet 1976, Juan Carlos remplace son Premier ministre par Adolfo SUÁREZ afin qu’il engage des réformes démocratiques, mettant fin au franquisme. Leurs réformes (reconnaissance des syndicats dissous par Franco et des identités régionales, etc.) sont ratifiées par le peuple le 15 décembre 1976 à 92 %. Il légalise aussi le Parti Communiste Espagnol le 9 avril 1977 (un Vendredi Saint !), dirigé alors par Santiago CARRILLO (1915-2012) qui était un électron libre depuis 1936. L’Espagne devient une démocratie en 1977. Son père renonce à son trône à son profit. Il se rend au Parlement le 22 juillet 1977 pour la nouvelle constitution (absente depuis 1936). Les socialistes ne l’applaudissent qu’après son discours. La constitution est approuvée par les électeurs le 6 décembre 1978. Le 23 février 1981, 180 militaires prennent en otage le parlement lors d’une séance de vote retransmise à la télévision. Le roi Juan Carlos demande, lors d’une intervention télévisée, que l’armée soutienne son gouvernement, faisant avorter le putsch. Les parlementaires sont libérés quelques heures plus tard. Dans les jours suivants, 3 millions de personnes défilent dans le pays. Le 28 octobre 1982 voit la victoire du P.S.O.E. aux élections, amenant, le 1er décembre, Felipe GONZALEZ à la tête du gouvernement. Le 1er janvier 1986, l’Espagne rentre dans la C.E.E. En juillet 1992, ont lieu les 25ièmes jeux olympiques à Barcelone. C’est aussi l’année de l’exposition universelle de Séville. Son père décède le 1er avril 1993. En 2012, il se fracture le bassin lors d’une chasse à l’éléphant au Botswana tandis que son gendre et sa fille Cristina sont impliqués dans un détournement d’argent. Le 2 juin 2014, Juan Carlos abdique en faveur de son fils Felipe qui devient Felipe VI.
Pour Laurence DEBRAY, Juan Carlos était soucieux de transmission car il n’avait pas, lui-même, reçu sa couronne de son père. C’est un animal politique, doté d’une intelligence émotionnelle, lui permettant de désamorcer les crises. La mort de son frère était un sujet tabou et Juan Carlos était ému à son évocation. L’arme à feu avait été offerte par Franco et fournie par sa mère.