Adoubé à Cannes en 2014, Dolan devient l'un des jeunes réalisateur récompensé pour ce Mommy, passage donc incontournable dans la découverte de son oeuvre.
Et passé quelques premières minutes un peu compliqué, intrigué par le choix du format quasiment vertical et par cet accent canadien à couper au couteau, mais aussi par ce texte introductif par forcément utile, la claque intervient tout de même assez rapidement.
Déjà la photographie d'André Turpin dépasse nombre de classiques. Que ce soit au niveau du cadrage, ou de la colorimétrie ça tombe tout le temps juste. C'est aussi cet assemblage musical continue dans cette introduction, qui rythme la narration avec une grande justesse.
Mais il faut aussi reconnaître un casting de très haut niveau: que ce soit Anne Dorval, Suzanne Clément ou l'incroyable Antoine-Olivier Pilon, c'est autant de rôles complexes parfaitement interprétés et qui offre une grande émotion au visionnage.
Le tout est porté en apothéose dans un final ultra touchant, de ce choix cornélien tarte ou crumble entre Die et Kyla, à ce dernier sprint de Steve, la justesse de cette émotion sans tomber dans le pathos à outrance est un modèle du genre.
Alors certes ce film est perfectible, symbole d'une jeunesse et d'un manque d'expérience d'un réalisateur encore aux balbutiements de son oeuvre, mais c'est aussi cette imperfection qui rend le film plus juste et plus touchant.
Au final, ce film est autant une épreuve émotionnelle qu'une expérience unique et conseillée. Une ode à cette liberté inatteignable, à cette filiation complexe et destructrice, Dolan est vraiment un maître dans la définition des émotions dans toute leur complexité.