Accroche ta ceinture, on va décoller.
Installé au fond de mon fauteuil rouge, j'ai décollé. C'est une claque magistrale, un coup de poing dans le ventre, une expérience indicible. C'est un tourbillon intérieur, quelque chose de viscéral, qui vient de loin, qui donne envie de hurler. On en ressort avec une envie de dire à la Terre entière tout son amour et toute sa haine. Ça nous vide de nos larmes, ça nous crispe de sourires, ça nous fait sentir vivant. Tabarnak que c'était bien !
Les sceptiques seront confondus.
Je pourrais parler de la mise en scène exceptionnelle, de la bouffée d'oxygène paradoxalement apportée par ce cadrage étouffant, de la fraîcheur de la photographie, de la beauté froide et excentrique d'Anne Dorval, de cette histoire si subtile et si violente à la fois, de l'euphorie contagieuse d'Antoine-Olivier Pilon, de ces acteurs formidables qui font de leurs personnages des personnes, de la beauté de cette bande originale pourtant si kitsch, de ce baiser qui fait mal, de l'intensité rare de cette scène de karaoké, de ces larmes versées sur du Céline Dion, de ces adieux déchirants ou encore du rêve d'une mère m'offrant là l'une de mes plus belles scènes de cinéma. Mais quelle importance ?
Ça arrive pas dans la vie d'une mère qu'elle aime moins son fils. La seule chose qui va arriver, c'est que je vais t'aimer de plus en plus fort, et c'est toi qui vas m'aimer de moins en moins.
On rit. On pleure. On s'émerveille.
C'est un art. Ça s'appelle le cinéma. Le cinéma que j'aime.
A Cannes, Xavier Dolan a dit : « Accrochons-nous à nos rêves, car nous pouvons changer le monde par nos rêves, nous pouvons faire rire les gens, les faire pleurer. Nous pouvons changer leurs idées, leurs esprits. Et en changeant leurs esprits nous pouvons changer le monde ». Je ne sais pas si ce film changera le monde, mais une chose est sure, il a changé le mien. Merci.