Mommy Mommy Mommy must be funny in the Dolan's World

Bon je me suis dit qu’il fallait quand même que je me lance dans une critique de l’une de mes plus belles claques cinés de l’année, le dernier film du jeune prodige québécois Xavier Dolan.

J’avais apprécié les premiers films de Dolan, J’ai tué ma mère et les Amours imaginaires qui montraient que le type avait du talent à n’en pas douté, même si on a parfois l’impression qu’il veut absolument nous le prouver qu’il a du talent, ce qui peut donner à ces films un air un peu prétentieux. C’est surtout son troisième film qui m’a le plus marqué, Laurence Anyways où le jeune homme arrive à nous parler de l’amour à sa façon, et d’une façon très réussie, un film à l’esthétique irréprochable, même si certaines scènes peuvent là aussi encore une fois paraitre too much, je pense notamment à cette fameuse scène de Suzanne Clément sur We fade to grey qui m’avait fait penser à une pub pour un parfum.
Tom à la ferme, fut le premier film que j’ai vu de Dolan, relativement différent du reste de sa filmo, ça reste un film très réussi, perturbant et marquant. Tout ça pour vous dire que c’est avec son 5ème film que le jeune réalisateur a je pense atteint l’apogée de son talent.
Oui, Mommy est de loin l’œuvre la plus mature, la plus aboutie, la plus marquante, la plus bouleversante de Xavier Dolan.

On retrouve comme dans son premier film, l’importance de cette relation mère/fils, mais je la trouve traitée de façon beaucoup plus juste dans Mommy. Nous suivons Diane, femme veuve et un peu en galère niveau emploi qui retrouve son fils Steve atteint de trouble du déficit de l’attention et d’hyperactivité. Très vite, on observe que malgré leur séparation, les deux personnages partagent une grande complicité. Ils s’aiment énormément. Même si de nombreuses crises viennent assombrir le tableau. Ils vont alors faire la connaissance de Kyla, voisine timide d’en face qui a un peu de mal à s’exprimer, et là aussi les 3 personnages vont avoir un effet bénéfique les uns envers les autres.

L’utilisation d’un format d’image carrée 1 :1 est, je dois dire une excellente idée, cadre rapproché sur les protagonistes nous donnent vraiment l’impression d’être au plus près d’eux. Et confère un sentiment d’oppression, d’enfermement dans cette relation entre la mère et son fils, la mère est-elle contrainte d’aimer son fils malgré tout ce qu’elle endure ? Cet enfermement qui va d’ailleurs se casser à deux reprises, la première dans cette magnifique scène sur la musique Wonderwall où les 3 protagonistes ont l’air complètement libre en vélo ou sur leur longboard (ouais c’est pas skate) face au vent, et une deuxième où la mère va rêver de la vie qu’elle voudrait pour son fils, le voir grandir, et épouser une jolie jeune fille, malheureusement on se retrouve très vite face à la réalité.

Mommy nous fait passer par différentes émotions tout le long du film. Au départ, on est surpris par cette atmosphère détachée, on rit beaucoup devant les tribulations de la mère et de son fils, de leur insultes ponctuées de ces sublimes mots québécois. Mais cela n’empêche pas le film d’etre bouleversant. Je ne suis pas fan de Céline Dion, mais je dois dire que c’est quand j’ai vu cette scène où les 3 protagonistes dansent dans la cuisine, que je me suis dit : « Putain de merde, ça vaut 10 ! » Tout ce qui se passe après le rêve dont j’ai parlé plus tôt est absolument déchirant, et finit sur un plan final d’une grande beauté qui nous assène la dernière claque de cette longue série.

Si la réalisation de Dolan fait des merveilles, on peut en dire autant des acteurs. Commençons par le petit nouveau Antoine-Olivier Pilon, qui est à la fois touchant, drôle et parfaitement crédible dans ses pétages de plomb à répétition. On retrouve également deux des actrices fétiches de Dolan, à commencer par Anne Dorval dans le rôle de la mère ( qui avait déjà tenu ce rôle dans J’ai tué ma mère), elle est elle aussi juste parfaite dans son rôle de mère un peu thrash, et déboussolée, ne savant jamais vraiment quoi faire avec son fils. Leurs scènes ensemble sont vraiment très réussies, et montrent malgré tout cette complicité et ces sentiments qui les relient. La dernière actrice, qui est je crois ma plus belle découverte grâce au cinéma de Dolan, c’est Suzanne Clément. Suzanne Clément qui était déjà à tomber dans Laurence Anyways, montre une nouvelle fois son talent dans le rôle de Kyla. Je crois que c’est d’ailleurs mon personnage préféré de ce Mommy, ce personnage extérieur qui vient s’immiscer dans la vie d’une mère et de son fils, et va jouer un rôle majeur, comme une sorte d’ange gardien.

Mommy est donc l’œuvre la plus forte, la plus dense, la plus mature que nous a livré Dolan et cela à seulement 25 ans, chapeau l’artiste !

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le 11 oct. 2014

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Bondmax

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