Une semaine après avoir vu le dernier Xavier Dolan, je me dois de livrer mon ressenti, car j’y pense chaque jour.
J’ai découvert ce réalisateur avec « J’ai tué ma mère », film qui pour moi fut très expérimental et dérangeant. J’ai poursuivi récemment avec « Tom à la ferme » et même conclusion. Il va sans dire que j’avais hâte de voir « Mommy » avec un peu (beaucoup) d’appréhension.
La première chose qui m’a interpellée a été le format. Filmer en 1 :1 est un choix périlleux et pour le moins surprenant. Mais au fil des minutes on comprend rapidement l’intérêt d’avoir un plan carré continuel, on se sent proche des personnages, la merveilleuse règle des 3 tiers est mise de côté et nos yeux se retrouvent captivés au centre de cet écran.
Mais derrière ce format se cache aussi une volonté de montrer le côté sombre du film et par conséquent de trouver les scènes les plus joyeuses en format classique.
La deuxième chose qui m’a interpellée est bien évidemment la bande originale. A coup de Dido, Oasis, ou bien Eiffel 65 je me suis retrouvée 10 ans en arrière dans mon adolescence à l’âge de Steve et avec cette révolte envers mes parents. La mention spéciale revient à « On ne change pas » de Céline Dion qui sera utilisée pour une karaoké fort en émotions et en rapprochements pour les protagonistes.
La troisième chose qui m’a interpellée est la pâte de Xavier Dolan, sa façon d’écrire si poignante. Je ne sais pas si c’est l’accent québécois qui rend les dialogues aussi durs et francs, mais il est difficile de rester de marbre face à la profondeur de son écriture. Je pense que comme beaucoup j’ai été marqué par cette phrase « Ce n’est pas parce qu’on aime quelqu’un qu’on peut le sauver. », qui pour moi résume à elle seule le film.
Et justement comme je ne veux absolument rien dévoiler, je dirais que ce film est un savant mélange de tendresse, d’affection, de désespoir, et d’impuissance. La relation mère/fils est présentée sous différentes formes et soulève la question que toute mère est amenée à se poser dans sa vie : Jusqu’où suis-je prête à aller pour mes enfants. Une question où il est impossible d’apporter une réponse précise et tranchée et à laquelle ce film va apporter une illustration.
Illustration qui sera menée avec brio par des acteurs choisis avec soin par Dolan. Antoine-Olivier Pilon (Laurence Anyways, et le clip Collège Boy d’Indochine), Suzanne Clément (Laurence Anyways, J’ai tué ma mère) et Anne Dorval, muse de Dolan présente dans 4 de ses films.
Je me suis sentie remplie d’émotions fortes, alliant joie et sourire, tristesse et empathie, ce film est pour moi l’un des meilleurs de 2014. En somme, Xavier Dolan du haut de ses 25 ans joui d’une très grande maturité, il sera pour certain un ovni et pour d’autre un petit prodige. Nul doute que son avenir est déjà tout tracé.