Claque monumentale : je veux être libre, moi aussi.
On s'arrête deux secondes, on souffle. On respire. On réfléchit, on pense à ce quoi on vient d'assister.
On ne parle plus. Difficile d'exprimer avec des mots la dimension qu'a prit devant nos yeux le film "Mommy", 5ème film de Xavier Dolan. 25 ans.
La maturité dont fait preuve le film est hors du commun, et il est naturel de se demander comment un jeune homme d'alors 25 ans arrive à s'approprier un sujet aussi sensible. En s'inspirant de son expérience personnelle, Dolan nous livre un chef d'oeuvre.
Un thème fort, une relation entre une mère et son fils. Elle peu éduquée, vulgaire, réaliste ; lui hyperactif, vif et fantaisiste. Les deux acteurs principaux portent leurs rôles avec naturel, aisance, et magnificence.
Autre personnage : celui de Kyla. Sublime, Suzanne Clément donne un équilibre à la relation entre mère et fils. Son personnage est pour moi le plus beau. Elle recherche une liberté de parole, à faire son deuil vis à vis d'un tragique événement du passé dont les contours sont implicitement dessinés au cours du film, et explicitement montrés par la caméra durant quelques secondes. Ainsi, Mommy c'est une histoire à trois personnages ; une quête de liberté.
Car le thème de la liberté est fort. Je dirais même plus qu'il est central. Steven, du début jusqu'à la dernière image du film veut être libre. Simultanément, un autre thème ressort du personnage : l'expression des sentiments. La relation mère-fils décrite est puissante. Alors que certains y verront une relation presque incestueuse, d'autres y verront les tentatives inespérées d'une mère et d'un fils aux problèmes différents, mais néanmoins bien réels. Indignation. C'est le mot que j'utiliserais pour décrire le cri perçant poussé par le duo, mais aussi celui pour décrire plus généralement le ressenti du triangle caractériel établi par le réalisateur.
Point fort du film : le choix des musiques. On se rend compte qu'avec d'autres musiques, ça aurait surement pas rendu pareil. La mythique Wonderwall d'Oasis qui intervient dans une scène joyeuse, libre, ou encore la voix sublime de Dido qui nous emporte dès le début du film pendant l'intégralité de la chanson (à vérifier, j'ai rarement vu une musique qui durait aussi longtemps dans un film), tout ça pour finir sur du Lana Del Rey. (à pleurer)
La réalisation est originale, le format 1:1 a pour moi deux buts dans le film. Le premier est de forcer notre regard sur les personnages. Car les film est à propos d'humains, de relations, et il ne faut pas se laisser distraire par les images autour. Le second, est d'à la fois créer une intimité entre les spectateurs et les personnages, mais aussi de cerner une réalité qui peut être tragique. Les passages de ce format au format dont nous avons l'habitude s'effectuent avec fluidité, amenant une dimension rêvée de la trame scénaristique : un idéal.
Mommy, c'est une claque. On en sort pas indemne. C'est une réelle leçon de vie, une leçon de cinéma. Des scènes et des personnages à pleurer de tristesse, mais parfois de joie. Je le dis : ça faisait longtemps que j'avais pas vécu une aussi belle histoire au cinéma.
Longue vie à Mommy, et Xavier, on t'attend pour la suite.