Mon deuxième Dolan après Lawrence Anyways, pour lequel j'avais déjà été enthousiasmé par la finesse des images et par la justesse du jeu d'acteurs.
Avec Mommy, le réalisateur québécois signe un film "haut en couleurs" dans tous les sens du terme.
Ces couleurs, ce sont d'abord celles de l'automne canadien. Le jaune, ocre, mordoré, roux, vert clair des arbres sert de décor aux scènes suburbaines vibrantes de liberté, comme les sorties en longboard de Steve qui donnent envie de la suivre dans sa course folle.
Ce sont ensuite les compositions délicates du peintre-cinéaste Dolan. Un innocent porte-clé devient sujet à une nature morte, tandis qu'Anne Dorval (Die) est sublimée par de langoureux portraits d'intérieur et un style vestimentaire ravageur de maman-pote. Le format carré 1:1, s'il est déstabilisant au début, n'apporte que plus de justesse aux jeux de lumière et de mises au point orchestrés par le maestro Xavier.
Enfin, "haut en couleurs" ne suffirait pas à résumer l'émotion que procure le trio d'acteurs. A la différence de Lawrence Anyways où le spectateur est contraint de prendre de la distance par rapport au personnage principal du fait de ses errements relationnels et psychologiques, Die et Steve nous emmènent complètement avec eux dans leur aventure mère-fils à la fois violente, tendre et passionnée.
Bref, une claque aussi bien esthétique qu'émotionnelle, qui laisse songeur quant au futur artistique du prodige Dolan.