'Cause you and I, we were born to die...'
Il m'aura fallu 3 séances de ciné pour réussir à écrire quelque chose sur ce film. Pourtant, je suis de celles qui aiment émettre un avis assez rapidement, qui aiment mettre des mots et une note sur une oeuvre. Mais là, impossible d'écrire autre chose que 'WAW'. Rien ne sortait, nada. Ces soirs de novembre 2014; j'étais comme apathique, bouche bée, comme sonnée.
La dernière fois que j'avais ressenti ça après un film c'était après avoir vu Eternal sunshine of the spotless mind. Aucune comparaison à faire sur ces deux films hormis l'effet coup de poing qu'ils ont eu sur moi.
SPOILERS ALERT
Cette scène finale me hante, et elle va me hanter encore longtemps. La conclusion parfaite à une histoire à la fois attachante et troublante. 'Mommy' ou l'histoire d'un amour viscérale, douloureux, vital, entre une mère et son fils qui ne savent pas s'aimer, mais qui s'aiment. Maladroitement, violemment.
'L'amour ne peut pas tout sauver'. Effectivement, la réalité brutale de leur situation les rattrapera. On le sait depuis le début que ça va mal finir cette histoire, ils sont dans une impasse, elle est bien trop maladroite pour réussir à le sauver, et lui bien trop impuissant pour s'en sortir. Mais on a envie d'y croire à cette happy ending. Oh oui, on y croit.
Notamment, grâce à Kyla, la voisine. Personnage mystérieux, surement l'un des plus intéressant du film. Elle bégaye depuis 2 ans, elle est mariée et a une fille. Voilà ce qu'on sait d'elle. Cet être brisé va se joindre aux deux autres pour créer ensemble un semblant de bonheur. Essayer de réparer ce qui est impossible à réparer, essayer de trouver un semblant d'équilibre. Encore une fois on y croit, mais on le sait, ça ne va pas durer.
En attendant, Dolan fait des merveilles et donne une esthétique assez remarquable à son film. Pour exemple, cette scène parfaite où Steve 'ouvre' l'écran en criant 'liberté !' Puis, il y a toutes ces scénettes musicales qui à l'accoutumé m'auraient horripilées mais qui ici ont toutes un sens. Suffit d'écouter les paroles, de se laisser prendre au jeu et hop, le tour est joué. Le réalisateur maîtrise totalement son sujet, et ses sujets. Il choisit en effet de livrer des personnages d'une manière assez superficielle. On ne sait jamais vraiment pourquoi Steve a cette violence en lui, est-ce seulement lié à la mort de son père ? Quant à Kyla, pourquoi a-t-elle ce problème d'élocution ? Qui est ce petit blondinet en photo chez elle ? Projette-t-elle l'amour de son fils disparu sur Steve ? On ne peut que le supposer. Dolan fait le choix assez net de s'attarder sur les effets, sur les conséquences de leurs actes ou de leurs choix, plutôt que sur les causes. C'est très bien ainsi, chacun pouvant se faire son interprétation personnelle.
Quand une mère imagine le futur de son fils c'est toujours touchant. Mais quand elle sait que cela n'arrivera jamais, quand c'est si bien filmé et mis en musique, c'est bouleversant. Ce violon sur ces scènes, ce flou sur ces couleurs. J'ai pleuré oui. Les 3 fois.
Puis il y a 'Born to die'. Ce ralenti. Cette course. Et les larmes. Et les larmes.
http://youtu.be/EWxbjAwCp2U