Vendredi, 18h30. Ce soir, j’ai rendez-vous quelque part dans une banlieue québécoise avec une Mommy courage : Diane, alias Die. Veuve sexy, extravagante et indépendante, elle vient de récupérer la garde de son fils, Steve, un adolescent impulsif et violent souffrant d’hyperactivité. Ce dernier s’est fait renvoyer d’un centre spécialisé après avoir mis le feu à un de ses camarades. Ambiance. Pour faire face aux retrouvailles passionnées et mouvementées qui s’annoncent, Die et Steve vont pouvoir compter sur l’aide de Kyla, leur desperate housewife de voisine, bègue et mystérieuse.
J’avoue que cette rencontre m’angoisse un peu. Mais alors que je m’installe dans mon fauteuil rouge, je suis encore loin de me douter de l’effet qu’elle va avoir sur moi…
« J’ai pris des mouchoirs et je ne me suis pas maquillée, parce que je suis sûre que je vais trop pleurer ». Voici les derniers mots de l’adolescente à côté de moi avant que le film ne commence. Tiens, pas bête comme idée. Enfin, si on est une vraie madeleine au ciné. Ce qui, bien sûr, n’est absolument plus mon cas. Finie la petite mauviette qui pleurniche pour un rien devant un grand écran !
Le problème avec Mommy ? C’est justement que ce n’est pas un rien, mais un plein d’émotions qui vous submergent. Et au bout d’une trentaine de minutes à peine, j’avais déjà souri, ri, froncé les sourcils, frissonné, frémi, et alors que ma voisine était en train de s’étouffer dans ses sanglots, j’ai senti la première larme perler aux coins de mes yeux. La faute à qui ? Celle à Xavier Dolan, bien entendu ! D’abord, parce qu’en nous imposant un format carré 1:1, il nous place au plus près de ses personnages, déclenchant ainsi une sorte de claustrophobie affective qui pousse les sentiments à l’extrême. Pendant les 2h18 que dure Mommy, il ne nous accordera d’ailleurs que deux instants de répit, lorsque l’illusion du bonheur prendra le dessus et laissera alors le cadre s’agrandir : la première fois quand Steve fait du skate à côté de Die et Kyla à vélo et qu’il écarte les bras pour élargir l’écran en criant « Liberté ! » ; la deuxième fois quand Die se laisse aller à des rêves joyeux.
La faute à Xavier Dolan toujours, parce qu’il est (presque) de ma génération et qu’il ponctue habilement son film de tubes et de références qui ont bercé mon adolescence. Et vas-y que je réveille tes vieux souvenirs avec le « Wonderwall » d’Oasis, le « Colorblind » de Counting Crows ou le « White Flag » de Dido ! Sans oublier les clins d’œil évidents aux scènes de l’after-shave et des sacs de course percés du mythique film de Chris Columbus : Maman, j’ai raté l’avion...
Lire la suite sur le blog >