Les comédies romantiques sont un genre à part. Un sous-genre du cinéma même. Avec ses codes immuables, ces personnages, sa structure. Ça commence à se savoir par ici, j'aime les comédies romantiques, ces histoires d'amour impossibles qui fonctionnent pourtant le temps d'un film.
Mon babysitter, outre un titre français un peu minable et trompeur (The rebound est son titre original), partait avec, contre lui, tous les clichés possibles et imaginables : une rencontre fortuite entre deux personnages brisés, un background hyper classique et des perspectives rarement moins originales (la meilleure amie relou, les parents hyper relou, le profil trop bon du héros, tellement bon qu'il en attire tous les chasseurs de tête qu'il refuse...).
Malgré ce, les situations pleines de tendresse s'enchaînent avec grâce la plupart du temps, notamment grâce aux enfants, ces êtres maléfiques et insupportables en principe, transformés ici en psychopathes morbides et géniaux.
Le charme de Catherine Zeta-Jones, magnifique malgré les années (ce film devait être fait pour elle), et de Justin Bartha, simple et touchant, fait mouche. Tout paraît crédible, tout est beau, tout est à croquer. Ils sont sensibles, touchants, ils avancent à pas feutrés dans leur vie rigolote de romance comique.
Romance comique ? On se suprend à sortir ce film du carcan des comédies romantiques ? A vrai dire oui, tant le film nous berce et nous emporte. On sourit souvent, on s’émeut régulièrement. C’est fin (à l’exception d’une séquence au début du film, pénible mais relativement courte, où Sandy rencontre un mec que lui impose sa relou de meilleure amie), on en demande encore.
Sur une heure trente de film, on passe une heure quinze sans jamais s’ennuyer. Et puis patatra, les codes reviennent au galop, et à l’occasion d’une anicroche prévisible à souhait (qu’on voit venir de loin même), le brutal intermède d’avant la fin survient. On s’est pris un moment à imaginer une comédie romantique un peu différente, dont la différence justement aurait su faire toute la saveur, libérée des chaînes qui depuis trop longtemps retiennent ce genre d’exploser comme autre chose qu’un bête attrape gonzesses bercées par Hollywood. Il faut dire qu’avec le nombre qu’il en existe, il devient de plus en plus difficile de les différencier, tant elles se ressemblent toutes, accumulant les poncifs les plus éculés et les situations les plus lourdingues. Avec le nombre que j’en ai vu, j’ai espéré autre chose…
Cet impondérable de dernière demi-heure, il est laid, il décrédibilise tout ce qui s’est déroulé avant, mais on parvient à l’accepter, tant les minutes qui vont le suivre nous réenchante. En dépit d’un redémarrage aussi à l’avenant que l’événement, l’histoire suit son cours de manière surprenante. Et à nouveau, le film nous fait espérer : ne serai-ce pas là la marque d’un vrai film que de nous surprendre avec autre chose qu’un happy end saugrenu ?
Mal nous en prenne mes amis, il n’en sera rien. Et pire que tout, cet happy ending, qui débarque d’une autre planète, dans les dernières secondes d’un film franchement très bon, achève de renvoyer Cathy et Justin dans la fange commune aux ratés romantiques.
Non, il ne faut pas pourtant s’arrêter là, et jeter le bébé avec l’eau du bain, aussi fort qu’on puisse être tenté de le faire.
En dépit de ces dernières images, en dépit de la grossesse extra utérine qui détruit le couple, en dépit de ces si mauvais choix d’embranchements pour un scénario qui n’en avait pas besoin, The rebound apporte une petite dose de fraîcheur bienvenue dans ce monde sursaturé des comédies romantiques. On a frisé le grand film, on a frôlé la catastrophe. Ce sera donc en demi-teinte qu’on se lèvera de cette séance, content et aigri à la fois.