Le film de légionnaires fut une mode dans les années 30, notamment en France où l'on vit la Bandera en 1935 et Un de la Légion en 1936, mais aussi à Hollywood puisque l'histoire de Beau Geste sera portée 3 fois à l'écran, dont on retient la version de 1939 avec Gary Cooper qui est la plus prestigieuse, en exaltant le sens de l'héroïsme et du sacrifice dans un environnement exotique.
Ces histoires ont pris un peu la poussière en 1977, c'est pourquoi Marty Feldman en livre un remake parodique, et pourtant la même année, Dick Richards réalise une fresque sérieuse mais plus réaliste avec Il était une fois la Légion.
Mon Beau légionnaire joue d'abord sur le jeu de mot du titre français, qui donne un peu le ton de ce fantaisiste remake auquel nous convie Marty Feldman, le célèbre comique anglais à la vision binoculaire. On voit qu'il a fait ses classes chez Mel Brooks car il n'y a rien de sérieux dans cette version qui a délibérément travesti l'exaltante épopée exotique en une hilarante parodie du genre épique et héroïque. Chacun des personnages est une caricature poussée de ces aristocrates et soldats rigides du XIXème siècle habitués à cultiver le sens de la trilogie "honneur-famille-patrie".
Le personnage de Digby incarné par Feldman, frère peu gâté par la nature du faux héros, introduit une zizanie subversive dans ces traditions british empesées, en inversant le processus, car c'est un vilain petit canard qui va respecter les nobles valeurs pendant que son frère Beau (et beau) va trahir allègrement l'idéal dans lequel il avait été religieusement élevé.
A cet irrespect malicieux, se joint un antimilitarisme de bon aloi et d'un cynisme acide, des clins d'oeil nombreux (dont il faut connaître les films) et des gags inégaux qui ne fonctionnent pas tous, mais certaines séquences valent le détour, comme cette scène d'évasion entièrement muette tournée en hommage à Buster Keaton que Feldman considérait comme son maître. L'ensemble est assez foutraque, on se retrouve un peu comme dans le Frère le plus fûté de Sherlock Holmes que son compère Gene Wilder et autre émule de Mel Brooks, avait réalisé en 1976, mais la bonne humeur règne dans cette douce folie et on sent que les acteurs se sont amusés, Marty ayant réuni en plus un très joli casting où l'on remarque Roy Kinnear qui était déjà présent dans le film de Wilder. Une parodie réjouissante, sarcastique et délirante qui reste injustement méconnue.

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le 7 juin 2020

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