Génération Daech
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Une histoire que nombre de famille ont eu le malheur de subir. Une situation irrespirable qu'on ne souhaite à personne.
Sami (Zakaria Ben Ayyed) est un jeune lycéen de Tunisie qui est sur le point de passer la grande épreuve du bac. Il stress, doute, déprime comme beaucoup. Ses consultations chez les médecins en disent long sur ses troubles personnel. Son père Riadh (Mohamed Dhrif) insistant et aimant met tout en oeuvre avec sa femme Nazli (Mouna Mejri) pour encourager leur enfant à passer ce cap en l'encourageant sans cesse à se donner le plus possible. Jusqu'à ce que l'étudiant disparaisse, soixante douze heures avant le jour J, en laissant derrière lui ce message foudroyant qui annonce un départ en Syrie.
L'œuvre du cinéaste Mohamed Ben Attia est suffisamment poignante pour donner aux spectateurs l'impression de visionner un documentaire. Pourquoi ? Car les dialogues sont courts, simples et clairs. Les échanges qui s'établissent sont ceux de travailleurs, de familles, de jeunes élèves qui mènent leur vie en naviguant leur barque comme ils le peuvent. Seul l'image témoigne en étant souvent plus évocatrice que n'importe quelle parole. Si bien que le côté artistique de la production semble s'estomper devant l'irrévocable filtre de la réalité.
C'est un bouleversement que d'observer des parents détruit par un malheur aussi fort. Il est presque impossible d'imaginer ce qui peut se passer à l'intérieur d'eux-même. Dans ce métrage ce sont ses longitudinaux moments de lutte solitaire qui sont exposés, surtout chez le père qui par une folie embaumée d'amour, décide de vendre sa voiture pour se payer un aller vers le pays dans lequel son fils a trouvé l'illusion d'un refuge.
Les paysages de la Tunisie sont aussi franches que charmants, le passage en Turquie l'est aussi de son côté. Malgré les problèmes politiques des nations tout justement citées, rien n'altère la beauté de leurs endroits, merci la caméra !
Nous avons donc affaire à un séduisant drame ayant pour vocation la générosité dédiée à nous public. Le phénomène est tel que le choix de l'interprétation nous est elle-même offerte.
Mais avant d'aller plus loin, je préviens dès maintenant que nous franchissons la frontière du SPOIL.
C'est dans la seconde partie du film où ça devient confus mais bien intéressant. Le père au courage de lion prend le taureau par les cornes en s'activant à ramener son fils au foyer. Lors de cette deuxième phase, le récit se transforme en une odyssée où le vieillard devient Ulysse. Lourdes épreuves, dur combat, mêmes traversées pour retrouver à tout prix la raison de leur cœur.
Quand on veut on peut et l'incroyable dévouement du vieux Monsieur lui donne l'opportunité de gagner le pays morcelé. Mais c'est au moment où son entrée en territoire hostile est imminente que le récit nous déroute. En effet, en l'espace de quelques plans, le tunisien se retrouve au lieu de départ, dans son appartement. Il est formel en expliquant à sa femme qu'il a réussi à revoir son fils. On devine assez facilement qu'il s'agissait d'un rêve et ou d'une invention de son esprit qui, devenu lucide, à convaincu le corps de retourner au pays. C'était pure délire de croire qu'il serait possible d'arracher des mains de terroristes sa progéniture. L'homme à la blanche moustache est revenu sur ses pas sans doute, en acceptant que le malheur l'accablerait le restant de son existence. Le spectre de son fils restera donc, avec l'ultime vidéo envoyé par le radicalisé, gravé dans la mémoire des deux parents perdus, l'âme rouillé par la sombre et maudite malédiction du destin.
Un long-métrage qui pousse à la réflexion avec une magnifique note optimiste lors de la dernière scène où l'on constate, par supposition toujours, que le personnage principal a poursuivi sa vie dans une autre ville du Mahgreb, suite à la probable rupture avec sa femme.
Il s'est raccroché à l'homme, à la simplicité, c'est-à-dire à l'union solidaire scellée par un groupe de travail, le labeur ouvrier pour être plus précis. Le message transmis n'est pas de l'ordre du fatalisme mais de la pure réflexion nous questionnant sur la poursuite existentielle, le rétablissement après l'immensité d'une telle chute.
Il ne dépendra que de l'individu de choisir d'abandonner la vie qui lui a été offerte ou de se pencher vers l'avant, vers la lutte de tous les jours envers et contre tout, jusqu'à sa propre finitude.
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le 24 févr. 2022
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