Le succès de 99 Francs (1.2 million d'entrées) aurait pu faire exploser la carrière de Jan Kounen. Pourtant c'est l'inverse qui s'est déroulé. Le film sur la relation amoureuse entre Coco Chanel et Igor Stravinsky a été un four commercial (132 159 entrées) et le concurrent Coco avant Chanel (Anne Fontaine, 2009), sorti avant, lui a fait beaucoup d'ombre. Il avait réalisé un sketch bien frappadingue pour Les infidèles (Mélanie Doutey était littéralement chevauchée comme une moto par Jérôme Le Banner)... qui fut coupé au montage de la version salle (dommage c'était un des meilleurs). Son adaptation en série du Vol des cigognes (2013) n'est pas forcément bien accueilli et le réalisateur revient au documentaire, tout en explorant les possibilités de la réalité virtuelle. Sans compter des projets avortés comme la suite de 99 Francs (finalement faites par Frédéric Beigbeder), La Tour (devenue une bande-dessinée) ou son adaptation de La horde du contrevent (Alain Damasio, 2004).
Au premier abord, Mon cousin a tout de la commande redoutée par beaucoup de spectateurs. A savoir un réalisateur connu pour ses projets ambitieux se lançant dans une comédie à la manière d'un mercenaire. Une tendance que l'on a pu observer quand Florent Emilio Siri s'est lancé dans un remake de La cuisine au beurre (Pension complète, 2015) ; ou quand Fred Cavayé s'est mis aux comédies après avoir débuté dans l'action. De même, la bande-annonce s'orientait vers un buddy movie à La chèvre avec François Damiens en mode François Perrin et Vincent Lindon en homme qui subit.
Sauf que l'on se rend vite compte que le film n'est pas si drôle que ça. Alors oui Damiens apparaît comme un chat noir au bout d'un moment avec le passage de l'avion, celui de l'hélicoptère ou celui de la voiture. Sauf que contrairement à Perrin qui se retrouve toujours les deux pieds dans la merde et vous envoie la tête la première dedans, le fameux cousin a toujours raison. En effet, l'avion vole trop bas, l'hélicoptère ne vole pas au bon endroit et la voiture a quelques soucis, mais ils sont facilement réparables.
Par ses actions, le cousin montre également qu'il est plus empathique que le personnage de Vincent Lindon. Il écoute les employés et sa famille, au point de voir rapidement ce qui ne va pas et d'essayer d'apporter une solution (par le dialogue ou une plante en cadeau). Tout ce que ne fait pas Lindon en chef d'entreprise strict, rigide et au final aussi méprisant que méprisable. Si Kounen donne au bout d'un moment des raisons à ce comportement, il montre aussi un homme aux ambitions folles et écrasantes, s'enfonçant tout seul dans un stress permanent et la solitude.
Le voyage avec le cousin aussi mouvementé soit-il apparaît comme un changement radical dans son quotidien, le genre de bouleversement spectaculaire dans une vie trop bien rangée et pas si idyllique. Le scénario est donc plutôt simple, tout en étant particulièrement efficace. On rigole finalement peu devant Mon cousin (on s'amusera d'ailleurs du caméo de Kounen avec deux autres affreux jojos), le spectateur pouvant être étonné d'être tombé devant un film se rapprochant très souvent du drame familial. Le duo principal s'avère impeccable, chacun étant parfaitement dans son rôle (François Damiens est d'ailleurs assez émouvant).
Kounen se fait plaisir sur les séquences à effets-spéciaux comme celle de l'avion ou le générique de début sous forme de rêve, montrant qu'il n'est pas venu pour jouer les yes men. Ce qui fait de Mon cousin une bonne surprise et la preuve que Kounen peut aussi faire de belles choses dans une production un peu plus grand public.