À défaut de véritables débordements - que n’ont jamais vraiment amenés les films de sa veine boulevardière - on attendait plus de folie de la part de Ozon. Tout nous laissait l’espérer sur le papier, avec un tel sujet en résonance directe avec les questions contemporaines du sort des femmes face à la justice, aux médias, aux arts…
Le script enchaîne les traits d’union entre mots-clés, donnant une impression de parcours fléché sur le double-sens pesant de chaque situation. L’ensemble du film ressemble à commentaire sociétal étriqué dont l’axe principal resterait la falsification de la vérité, son dépassement parfois utile à l’émancipation et à la création artistique.
Or ni les avancées des figures féminines, ni leur goût pour le jeu ne parvient ici à être célébré avec une réelle ferveur. La faute à un jeu souvent aussi peu inspiré que la ribambelle de comédien.ne.s est impressionnante sur le papier. Seule Huppert tente de faire sortir la partition de ses gonds, mais par une outrance presque trop monocorde…
Le rythme d’enfer et le soin de la direction artistique font passer la pilule, et précipitent l’impression, dans le dernier quart, d’un « tout ça pour ça ». L’intrigue à rebondissements glisse d’une évocation mi-affectueuse, mi-cynique de #metoo vers la célébration téléphonée d’une sororité entre actrices.
Le glacis rétro-chic de la forme ne renvoie ici qu’à la propre surface lisse, où est son cœur ardent ou, à défaut, mordant ?