Adapté d'une pièce datant de 1934, Mon crime ne se départ jamais de son aspect théâtral, dans ses dialogues, ses situations et le jeu des comédiens, mais sans que cela semble pesant, bien au contraire, le plaisir pris à cet exercice de style allant crescendo, le tout serti dans une reconstitution léchée du Paris de l'époque où Violette Nozière et Danielle Darrieux faisaient l'actualité, pour des motifs très différents, est-il besoin de le préciser ? D’œuvre très plaisante et malicieusement amorale, Mon crime passe à la vitesse supérieure avec l'entrée en scène tonitruante d'une Isabelle Huppert ébouriffante qui provoque l'emballement général du rythme du film, le tirant vers une forme de délire grotesque très savoureux auquel il est difficile de résister. Tout du long, François Ozon, fait passer dans la légèreté et la fluidité des messages féministes "modernes" qui ne sonnent pas si décalés que cela, dans cette période d'entre deux guerres. Lorsque, avant le tournage, le cinéaste a choisi ses deux interprètes principales, Nadia Tereszkiewicz et Rebecca Marder, celles-ci n'étaient pas encore considérées comme des actrices accomplies, ce qui prouve le flair du réalisateur de 8 femmes. Ces deux étoiles montantes du cinéma français forment un duo épatant qui ne souffre pas de la comparaison avec le reste d'un casting particulièrement riche de Luchini à Boon, en passant par Dussolier et Myriam Boyer, entre autres. Personne ne prétendra que Mon crime représente un opus majeur dans la carrière d'Ozon mais c'est un suave entremets qui ne mérite pas que l'on fasse la fine bouche.