Alors va-t-on parler de politique ou de cinéma ou bien d'un film devenu CULte par l'opération du saint esprit que je fréquente assidûment d'un derrière distrait. Bref, que dire et qu'écrire sur "Mon curé chez les nudistes" ?
Que dire donc sur ce film, sinon que j'aime sa splendide et paisible médiocrité, ses à peu-près scénaristiques, ses acteurs en roue libre et pour beaucoup d'entre eux souvent mauvais à en pleurer... merveilleuse époque que celle ci qui permettait via la commission d'avances sur recettes du Film FRANÇAIS de cautionner avec francs lourds et non pas Euros trébuchants des envolées chrétiennes de cet acabit.
Mais comment se fait ce , comment en est on arrivé là oncle Paul ?
Asseyez vous là cher Scout, je vais trouver une raison. Ah bon , vous croyez vraiment arriver à trouver une assise dialectique à ce navet national? Pas possible quand même mon père ?
Mais si mon fils et taisez vous quand je parle merci. Il y a un "mais" dans cette histoire, un "MAIS" qui donne toute sa saveur à ce film . Mais... Le voilà le mais .
Mais il y a le magnifique Paul Préboist, naïf réel, puceau de la vie et du corps qui nous entraîne avec sa dégaine d'idiot international dans une histoire fourre-tout prétexte à une avalanche de seins et de fesses nus ( forcément, un village de nudistes ). Mais il y surtout et beaucoup les appâts épanouis et dévoilés sans contraintes de la grande Katia Tchenko, reine de mes feux émois adolescents. Mais Il y a aussi le dandy français et originel dans toute sa splendeur, Georges Descrières, le fabuleux "Arsène Lupin" de l'ORTF( tout ce monde disparu ) et sa prestance sacerdotale unique et ironique.Mais Il y aussi Jean-Marc Thibault, un des derniers acteurs compagnons de route d'un Parti Communiste Français alors encore influent et homme du peuple réel, acteur râleur au grand cœur. Mais c'est donc là sous vos yeux ébahis que surgit un nanard de haute volée et empli d'une certaine nostalgie qui nous ramène dans ces films heureux et sans soucis de cette période encore douce et libérale dans le bon sens du terme parce que simple et inconsciente.
Mais Continuons.
J'aurai toujours une place dans mon cœur pour ces longs métrages qui réussirent et réussissent plus tard à me toucher ( forcément ) par leur prosaïque réalisation et leurs intentions primesautières et printanières.
Les seins s'envolent, les fesses sont un peu en peau d'orange et non retouchées par photoshop, le curé de campagne sans que Bernanos y soit pour quelque chose se trouble et les hommes et les femmes se touchent sous l'oeil complice de Bedos le grand comique de ces années là. Les derniers survivants d'une décennie en agonie sont devant vous . L'époque du power-flower, des accouplements préconisés et multiples, malgré l'arrivée du mal du sida qui remettra tout le monde dans son pantalon, sa robe, sa jupe, son short et dans sa culotte bien propre. Les années 70 sont finies et les années 80 hésitent encore sur la direction à prendre malgré les coups de boutoir de la gauche tiède et des pubards aux rollexs étalées . Rien ne sera plus pareil.
Séguéla étale sa morgue de petit boutiquier cramé au 5ème degré, parvenu et impoli, Mitterrand se voit devenir enfin vizir à la place du vizir, le porno avale les membres défaillants du dernier carré de grognards Gaullistes, le monde se prépare à devenir très bientôt connecté, hype, Apple, vegan, vendeur, vendu, intolérant mais correct toujours et libéral, mais attention ,seulement pour vendre ou acheter les êtres et les objets.
Nanard géantissime et Gaulois, nanard réfractaire aux sirènes politiques de l'Amérique du Nord, témoin filmique de cet entre-deux générationnel, mes enfants, prenez donc ce film comme un jouet d'enfant en bois encore semi artisanal, plein de souvenirs comme une sorte de madeleine de Proust d'une époque révolue et devenue l'objet de toutes les critiques de la part des créateurs de start hum hup barbatruc et autres thuriféraires de la nation des épiciers du net. Une époque que certains penseurs de café du commerce nous habillent à présent des vêtements de la barbarie inexpiable voire de la détestable et traquée sans cesse part de pilosité que notre corps secrète au grand dam des reines du laser dépilatoire et comminatoire .
Ce temps béni durant lequel le téléphone était un objet et non un sexe ou un doudou sans fil, cette époque préhistorique du tertiaire inférieur durant laquelle l'ennui, la description des choses par une pensée proverbiale et la lenteur étaient encore des principes de philosophie et d'apprentissage.
Bref, j'aime ce navet doux et sucré et j'aime ses acteurs et actrices indolents et gracieux. Il se trouve donc au final que je me retrouve ainsi à le défendre becs et ongles non taillés au nom d'un idéal vétuste certes mais bien vivant. Mais, Il restera je crois , toujours une part de gens capables d'apprécier à sa juste valeur , certes faiblarde , ce type de gymnastique cinématographique héritée de notre penchant national à se moquer de nos propres petitesses et défauts. Jupiter n'est pas dans ce camp certes honte pour notre vénéré président et doté du don d'ubiquité, mais Junon, Aphrodite et Bacchus plus prosaïquement en sont les animateurs éclairés cependant.
À regarder sans modération, comme une antique liqueur de poire , eau de vie surannée mais vivifiante en ces temps de disette végan ...
Et comme un traité de lutte syndicale et revendicative contre le fléau néo libéral et ses valets impérialistes !
Josiane, fais les valises , on s'en va à Moscou nom de dieu!