Morne drame
Julien, 13 ans, a une relation privilégiée avec sa mère, femme au foyer. Mais lorsqu'il commet l'irréparable erreur de se trouver une petite amie, maman, angoissée à l'idée que son fils grandisse, va...
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le 11 juin 2024
Julien, 13 ans, a une relation privilégiée avec sa mère, femme au foyer. Mais lorsqu'il commet l'irréparable erreur de se trouver une petite amie, maman, angoissée à l'idée que son fils grandisse, va alors mener la vie du jeune Julien à la baguette. Il n'y a guère que sa grande sœur pour protester, tandis que son père, professeur d'université, brille surtout par son absence...
Une famille éteinte, la relation passionnelle (quasi incestueuse) entre une mère et son fils, mère qui va poser une chape de plomb sur sa vie et resserrer son étreinte sur lui jusqu’à le pousser au drame : voilà qui aurait pu faire un excellent film. D’autant que les péripéties sont bien amenées, on voit comment la mère castratrice bascule peu à peu dans la folie et la maltraitance, condamnant son fils à l’enfermement, le privant de tous les plaisirs et lui administrant des tartes par grappes de cinq pour un oui ou pour un non.
Le film nous propose une succession de scènes de la vie quotidienne dans un silence étouffant où couve le malheur. Elles parviennent à créer une véritable ambiance de malaise. On voit les relations entre les personnages s’étioler, soit parce qu’elles se détériorent, soit par le poids de l’absence (Julien a une bonne relation avec sa grande sœur mais elle sera forcée de quitter le domicile familial pour poursuivre ses études). Ne reste plus que la solitude, sans parole et sans bruit, et tout ce qu'elle cache d'insupportable...
Ce qui marche pour les moments de silence ne marche en revanche plus du tout pour les scènes où les personnages sont supposés interagir… Tout le monde a un jeu anémique, récitant son texte de façon détachée et monocorde. Cet acting volontairement effacé laisse des visages blêmes et impassibles là où ils devraient être tordus par la peine, et on ne peut que deviner les douleurs muettes qu’ils dissimulent, en particulier celle de Julien… Cette mise en scène interdit toute expression profonde des émotions et surtout toute tension dramatique réelle, donnant l’impression que les personnages sont totalement étrangers et indifférents à ce qui leur arrive, ou alors que les acteurs ne sont pas du tout investis dans leur rôle (alors qu’ils sont bons, Nathalie Baye et Victor Séveaux en tête).
On aime ou on n’aime pas ce genre de choix artistique : pour ma part, je considère que cela gâche complètement ce qui aurait pu être un excellent film. On alterne en effet entre une atmosphère pesante bien posée et ces scènes où les protagonistes paraissent surnager dans ce qui pourtant est un effroyable drame ; scènes qui finalement, paraissent presque légères, à contre-courant complet des intentions du réalisateur (du moins, je présume !).
Résultat, Mon fils à moi baigne globalement dans une ambiance étrange et irréelle, et à aucun moment n’accroche vraiment le spectateur, malgré la bonne idée de départ, le joli casting et le scénario pas si mauvais. Un extraordinaire gâchis.
Créée
le 11 juin 2024
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