Le graphisme rond de personnages sans grand caractère n'appelait pas, a priori, un grand intérêt pour Mon Ninja et Moi, surtout au vu d'une bande annonce passe partout.
Sauf qu'à la fin de la projection, on se retrouve inexplicablement retourné comme une crêpe devant l'impression laissée par le film.
Oh ! Pas de quoi crier au chef-d'oeuvre, mais au moins de conserver un très bon souvenir.
Celui d'avoir été surpris par un film d'animation que l'on était était sûr de retrouver là où on l'attendait, mais qui nous emmène, pour y arriver, par des chemins de traverse parfois un peu maladroits, mais toujours efficaces et convaincants.
Et surprenant dans la mesure où certaines de ses thématiques ne sont pas, a priori, pour les enfants. A l'image d'une séquence inaugurale qui choisit de donner en sacrifice un enfant esclave de l'industrie du jouet et que la violence de la scène, si le corps du délit demeure hors-champ, est suffisamment frontale pour faire s'interroger les kids sur leur mode de vie consumériste.
En surprenant, en faisant référence à la naissance de Chucky dans Jeu d'Enfant, l'opus fondateur, à la complicité marquant Ted, ou encore en évoquant The Crow pour animer l'essence d'un mini ninja, aux allures de Sackboy customisé, qui ne pense que vengeance et châtiment sans retour.
En rajoutant certains délires d'un humoriste danois qui persiste à mettre en scène un alcolo notoire et grivois, ou à parler de drogue dans un film destiné au jeune public, tout cela achève de faire de Mon Ninja et Moi quelque chose de frais et de moins timoré que la moyenne, même si l'on échappe pas à la bluette habituelle ayant pour objet une fille totalement superficielle. Ou au récit de l'enfant qui grandit peu à peu en affrontant les problèmes et les peurs de sa vie quotidienne.
Dans un film d'animation aux accents buddy movie séduisants, marqué par la personnalité de sa poupée ninja totalement déjantée, manipulatrice et monomaniaque qui en fait voir de toutes les couleurs à son petit compagnon. Un ninja aussi attachant que flippant dans ses obsessions violentes, donnant, le temps de quelques séquences, un drôle de feeling à l'oeuvre, qui ne cesse de basculer d'un extrême à l'autre de l'éventail de la quête initiatique qu'elle met en scène.
Une quête initiatique dans laquelle s'engage aussi le mininja, en essayant de réfréner les aspects les plus sombres qui l'animent, en découvrant qu'une autre voie est possible. Dans un film qui n'hésite pas à parler de la noirceur de l'âme humaine, dissimulée derrière un joli panneau publicitaire, comme le souligne la scène inaugurale, ou à inciter son jeune public à ne plus fermer les yeux et à agir.
De quoi donc garder en mémoire les tribulations de son ninja rebelle et tromper la torpeur d'un été pauvre en nouveautés. Mais surtout, récompenser sa curiosité culturelle.
Behind_the_Mask, pique, coeur, carreau.