L'accompagnement de sa fille au cinéma entraine parfois de drôles de surprise, comme avec Mon Ninja et moi. Le film s'autorise en effet de démarrer par le meurtre d'un enfant, employé maltraité dans une usine de jouets thaïlandaise, sous les coups d'un client occidental cynique sapé en Ralph Laurent qui n'aura pas apprécie de voir son écharpe passée dans une machine à coudre. De ce drame survient l'incarnation d'un esprit vengeur dans la poupée ninja qui n'aura donc de cesse de retrouver le bourreau.
La suite propose un cadre plus convenu : Alex est un adolescent louseur qui traine avec ses potes du fin de classement de la popularité collégienne, fantasme secrètement sur une fille intouchable et se fait harceler par le brute locale. Et à la maison, c'est pas mieux, avec une mère adepte de la diététique bio DIY, un nouveau beau-père pique-assiette et son fils insupportable avec qui il faut réussir à cohabiter. Bon, le tonton marin alcoolo-toxico-rigolo et vulgaire enrichit agréablement le tableau.
L'arrivée du ninja dans la vie d'Alex suit un canevas tout aussi classique, en lui permettant de prendre confiance en lui, humilier la brute et séduire la fille. La capacité du ninja a imiter à loisir la voix des autres persos donnent souvent lieu à des scènes drôles, propres à fait marrer les mômes, même s'il persiste ici et là des touches d'humour plus adulte (le magazine porno aux pages collées).
Mais c'est véritablement par la suite que le film étonne en sortant de sa route balisée : alors qu'Alex comprend que sa peluche ninja a bien l'intention d'assassiner le riche homme d'affaire de la ville, il s'y oppose et devient désormais la victime du harcèlement belliqueux voire de tentatives d'homicide par sa poupée ! On croirait parfois voir Zuni, la statuette agressive de Trilogy of Terror. Heureusement, sans trop spoiler, après quelques rebondissements dingos, notre duo parvient à s'entendre pour résoudre le problème autrement.
Mon Ninja et moi est donc une proposition de cinéma plutôt originale tandis qu'il concilie avec un certain succès comédie jeune public et enjeux plus sombres (le travail des enfants, la vengeance par le sang). Le genre de truc auquel on n’est plus habitué de la part des grands studios. Faut dire que le film est un financement dano-estonien et qu'il est réalisé par Anders Matthesen, un rappeur/comique/auteur/acteur danois. N'attendez pas une direction artistique particulièrement originale mais l'animation fait bien le taf (la poupée ninja est bien fichue). Et sachez que ma fille (6 ans) a bien aimé, sans être gênée par la violence qui, choix salutaire, n'est jamais plein champs.