Monsieur Hulot, gaffeur et poète attaché au Paris rustique, aime passer du temps avec son jeune neveu. Un peu trop au goût des parents de celui-ci, des bourgeois trop sérieux installés dans une maison high-tech. "Mon Oncle" est un film qui a beaucoup vieilli... mais c'est peut-être aussi ce qui fait son charme.
Cette critique de la société consumériste des années 50 est en effet pertinente sur certains points, et à côté de la plaque sur d'autres. Jacques Tati dénonce une société de consommation adepte de valeurs conservatrices, de gadgets inutiles, de maisons grisâtres vides et peu pragmatiques, et basée sur une industrie impersonnelle et absurde. Il préfère embrasser une France d'avant-guerre, qui marche à l'accordéon, aux troquets, et aux marchés des petits quartiers. Quoi que l'on pense de ce fond discutable, le souci est surtout que la critique en question n'est guère subtile, forçant le trait en permanence.
Néanmoins, "Mon Oncle", malgré sa quasi absence d'intrigue, demeure un film attachant. On y trouve des gags burlesques gentillets, qui ne fonctionne pas toujours après plusieurs décennies. Mais surtout un univers visuel et sonore très travaillé. Les décors et leur opposition sont recherchés (la fameuse maison à la pointe a de la gueule !). Et le montage sonore regorge d'effets semi-muets, ou de bruitages en tous genres (les fétichistes du buzzer seront aux anges).
L'attrait de chacun pour ce film dépendra donc sans doute de sa réceptivité à la poésie de Tati... et de son goût pour la technologie.