C'est durant le règne de Louis XV que Benjamin, médecin de campagne, éternel coureur de jupons et anti-mariage exerce son métier, mais surtout multiplie les conquêtes malgré une qui lui résiste et qui ne veut que le mariage.
Déjà, je me suis tout le long posé la question : Comment refuser le mariage avec la magnifique Claude Jade ? Je n'ai toujours pas de réponse, mais elle est ici magnifique, savoureuse et un régal à elle toute seule. Edouard Molinaro adapte librement le roman de Claude Tillier, mais il axe surtout son film sur un fantastique Jacques Brel, omniprésent et dont le scénario ne semble être écrit que pour lui et il s'en donne à coeur joie dans ce rôle où il enchaîne les grandes tirades moyenâgeuses, les parties de jambe en l'air et les actions pour la liberté et contre les privilèges.
Et ça marche très bien ! Si on peut regretter une réalisation parfois hasardeuse (surtout au début et les multitudes de zooms que Molinaro nous offre) ainsi qu'une mise en scène pas toujours inspirée, Brel lui est génial en cabotin amateur de bonnes chaires fraîches et il tient clairement le film sur ses épaules. Le scénario tourne très vite au n'importe quoi mais les situations marrantes s’enchaînent, à l'image des duels, de la franche camaraderie dans les tavernes, des "embrassades" ou du savoureux passage final au château. Finalement, un vent de liberté, de libertinage et de paillardise souffle sur Mon oncle Benjamin et c'est bien souvent irrésistible.
Outre le génial Brel (que j'adore comme chanteur et découvre ici comme acteur) et la somptueuse Claude Jane, c'est un défilé de jeunes, fraîches et charmantes femmes, ainsi qu'un Bernard Blier en marquis et diverses figures des différentes classes (notamment Bernard Alane, Paul Préboist et Paul Frankeur), des plus crasses à la noblesse. Un vrai charme se dégage du film, venant notamment des interprètes, mais aussi du cadre naturel, du ton très libre et cru ou encore du language très vieux François qui scie à merveille aux protagonistes. Molinaro ne nous offre guère de répit, c'est bien rythmé et les péripéties s’enchaînent à toute berzingue.
Amateur de bonnes bouffes, de saouleries et friand de liberté et de parties de jambe en l'air, Jacques Brel nous offre une belle démonstration de son talent et de son humour malgré une somptueuse Claude Jade qui tente de lui résister. Très léger et malgré une réalisation qui peine parfois à se mettre à la hauteur de ses comédiens, ce n'est guère préjudiciable tant il est bien difficile de résister à cette champêtre et moyenâgeuse comédie !