En octobre 2019, le grand documentariste chilien Patricio Guzmán, 80 ans, n'en a pas cru ses yeux. Suite à une augmentation du ticket de métro à Santiago, les protestations ont commencé dans la rue, suivies bientôt par des manifestations populaires dans tout le pays, s'insurgeant contre les inégalités sociales de plus en plus criantes, et demandant l'abrogation d'une constitution héritée de la dictature de Pinochet. Cette révolte massive, le cinéaste la raconte avec des témoignages de femmes en première ligne de cette révolte qu'elles incarnent, au même titre que la jeunesse, dans un pays qui semblait anesthésié depuis 1973 et en pleine dérive néo-libérale. C'est l'histoire d'une lutte collective sans leaders et d'un espoir immense que raconte le réalisateur, identique à celui qui est né au moment de l'élection d'Allende et que Patricio Guzmán a vécue, jusqu'au fracas de la désillusion. De ce film vibrant; en prise directe avec une actualité très peu relayée dans les médias occidentaux (on se demande bien pourquoi), l'on retient aussi la fluidité du montage entre les images des manifestants molestés par les policiers et la force des interviews de Chiliennes décidées à faire cesser l'oppression d'une oligarchie masculine et méprisante. La révolution est en marche et elle pourrait bien faire école dans nombre de pays qui souffrent peu ou prou des mêmes maux que le Chili.