Attention : le texte ci-après dévoile quelques éléments de l'intrigue

Non, le titre de ce film de Guédiguian ne signifie pas qu'il a jeté son dévolu sur une autre classe sociale, celle des ingénieurs et cadres. Non, on reste comme toujours chez lui au sein de la classe populaire ou prolétaire, comme on veut, et à Marseille. Le titre correspond juste à une anecdote au temps des cours de russe au lycée qui n'a d'ailleurs pas plus d'importance que le souvenir qui s'y rattache et qui ne fait qu'être évoqué.

Comment résumer ce film sinon pour dire que Natacha (Ariane Ascaride) est médecin-pédiatre installée volontairement dans un HLM de Marseille. C'est que Natacha a toujours été (pendant ses études) et est encore de tous les combats politiques dans son immeuble (par exemple contre les expulsions mais pas que). Mais voilà qu'un jour on la retrouve inerte, ne parlant plus, en état de "sidération psychique". Les parents font alors appel à son ancien amoureux, Jérémie (Jean-Pierre Darroussin) qui la connaît depuis l'âge de 14 ans, devenu médecin aussi mais dans de plus hautes sphères de la société. Il revient pour essayer de reconstituer ce qui a bien pu se passer. Pour cela, il s'installe chez Natacha dans l'immeuble et remonte le fil des souvenirs.

Pour arriver à percevoir mon résumé, il faut bien attendre presque la moitié du film car le montage constitué de très nombreux flash-backs est, pour le moins, complexe. En effet, le film débute par une scène tirée directement de "la pastorale des santons" où Ariane Ascaride, enceinte jusqu'aux yeux, et le père (Jean-Pierre Darroussin), se trainent péniblement sur les quais du port pour trouver un abri que tout le monde bourgeois leur refuse. Surgissent alors deux blaireaux (au sens figuré ^^…) qui vont se révéler être l'âne et le bœuf pour souffler et réchauffer la pauvre Marie, heu, pardon, la pauvre Ariane Ascaride.

Je n'irai pas plus loin dans ma scandaleuse divulgation. D'ailleurs, en me relisant, je me dis que mon dernier paragraphe va plutôt épaissir le mystère que l'éclaircir…

Au niveau distribution, on retrouve l'habituel quatuor cher à Guédiguian : Ariane Ascaride, Jean-Pierre Darroussin, Gérard Meylan et Jacques Boudet.

Ce qui me dérange comme toujours chez ce cinéaste, c'est l'arrière-plan politique très manichéen : "nous, prolétaires, sommes entre nous et sommes solidaires. Nous devons lutter tous les jours pour notre survie et la sauvegarde de nos droits. Les bourgeois (terme générique), qui nous exploitent, ne peuvent pas nous comprendre". On a même droit, entre autres, à une envolée lyrique contre l'industrie pharmaceutique qui ne pense (évidemment) qu'à ses profits et laisse crever tout le (pauvre) monde. Surtout qu'en plus, ça n'a rien à voir avec l'histoire racontée dans le film … C'était juste le cri du cœur, le lâcher de soupape.

Au final, c'est un film monté de façon très compliquée pour raconter une histoire, au fond, presque banalement simple. Tout ça pour ça.

À coup sûr, c'est un film que l'on appréciera ou qu'on détestera suivant la sensibilité de chacun. Pour mon compte, il y a des prérequis imposés qui m'empêchent d'accrocher à l'histoire et à ses personnages.


JeanG55
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le 17 nov. 2024

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