A la suite d’une chute à ski, Marie Antoinette une avocate quadragénaire intègre une maison de repos pour six semaines, au cours desquelles elle ressasse la passion qu’elle a vécue pendant dix ans avec Giorgio, l’homme de sa vie. C’est une histoire en montage alterné que l’on suit ici, entre les séquences de couple et les séquences de rééducation de Tony.
Contrairement au film Polisse, Maïwenn décide ici de nous plonger dans une œuvre très cinématographique, où les métaphores s’entremêlent pour servir un propos.
Le film s’ouvre sur une séquence brillante à la montagne. On y voit Tony dévaler la pente. Elle délaisse son fils et prend de l’allure, puis plan large sur la montagne et on revoit Tony après sa chute. La réalisation de cette première séquence en dit beaucoup sur le film. Tony va être engagé dans des histoires qui la dépassent. Cette métaphore est accentuée par la scène qui suit et le dialogue avec la psychologue. La soignante qui se défend de faire de la psychologie de comptoir : les problèmes de genoux, à savoir les pronoms personnels je et nous, sont liés à un événement du passé que l’on n’a pas accepté.
Car faire plier le genou autrement que vers l’arrière ne peut qu’occasionner une rupture. Cela résonne avec la relation que vont vivre les deux protagonistes, Tony et Georgio, une passion dévorante de laquelle seul l’un pourra s’en sortir. L’amour passionnel est ravageur, l’un doit mourir pour laisser l’autre renaître.
Le problème c’est ni toi, ni moi, c’est nous deux ensemble.
C’est tout l’enjeu du film et c’est donc un travail de guérison psychologique qui doit être effectué : en effet, on retrouve Emmanuelle Bercot dans une situation analogue à celle d’Emmanuelle Rivas et Jean louis Trintignant dans le film Amour de Michel Haneke : à savoir dans une situation de dépendance, elle ne peut plus se doucher, sauf qu’elle n’est pas au soir de sa vie, mais en plein milieu, ce qui rend la perte d’autonomie bien plus difficile à accepter.
Il représente l’aventure, le jeu, la passion, la folie. La naïveté et l’inconscience de l’enfant qui ne veut pas grandir, finalement atteint du syndrome de Peter Pan. Il s’oppose à cette avocate à la vie rangée qui cherchait son prince charmant. Qu’elle rencontre dans une boite de nuit, comme, comme celui qui a perdu son ombre dans le conte de Barry. Une ombre qu’elle avait perdue de vue. Un passé oublié qu’elle lui balance à la figure. Ils se sont connus en boîte, ils se retrouvent en boîte.
Le personnage de Vincent est un véritable roi. Son charme naturel lui permet de fédérer autour de lui et de persuader celui qui l’écoute. Comme un roi gouverne son pays, Georgio règne sur sa sphère privée sentimentale. C’est son inconscience pour certaines choses qui le font mal agir, comme un roi qui se doit d’être omniscient mais qui fait donc beaucoup d’erreurs.
Vincent Cassel livre ici une partition incroyablement juste. Il campe parfaitement son rôle et s’efface derrière son personnage. Emmanuelle Bercot est la seconde prestation que l’on retient ici, mais elle est moins impactante que celui avec qui elle partage l’affiche. La caméo de Norman n’a pas lieu d’être et cela a le défaut de sortir du film.
Cette relation oscillante entre les deux personnages nous dépeint les aléas de la vie de couple. Comme le dit Georgio,
tant qu’il y a des hauts et des bas c’est que tu es vivant, si c’est plat, c’est que tu es mort.